Qui est le roi Saint-Louis? Découvrez-le à cette adresse.
Le texte écrit est emprunté à l'ouvrage : Jean de Joinville, Mémoire, ou Histoire et chronique du très chrétien roi Saint Louis, éd. Fr. Michel, Paris, 1858, p. 4-5.
Les différences entre l'extrait de référence et ce que vous entendez dans la reconstitution sont entre parenthèses.
* * *
Au retour de la septième croisade (1249-1254), le vaisseau de saint Louis heurte un banc de sable au large de Chypre ; le roi refuse d'en descendre, voulant courir les mêmes risques que ses compagnons.
Seigneur (~Seigneurs), je voi que se je descens de ceste nef, que elle sera de refus,
[sε.ɲœrs ʒǝ vw͜e ke sǝ ʒǝ de.sɑ̃ dǝ sε.tǝ nεf kε.lǝ sǝ.rɑ dǝ rǝ.fy]
Seigneur, je vois que si je descends de ce navire, on refusera d'y rester,
et voy que il a céans huit cens personnes et plus;
[e vw͜e k il ɑ se.ɑ̃s ɥi sɑ̃ pεr.sɔ̃n e plys]
et je vois qu'il y a ici dedans huit cents personnes et plus.
et pour ce que chascun aimme autretant sa vie comme je faiz la moie,
[e pur.sǝ.kǝ ʃa.kœ̃ ε̃m a͜w.trǝ.tɑ̃ sa vi: kɔm ʒǝ fε la mw͜εj:]
Et parce que chacun aime autant sa vie que moi la mienne,
n'oseroit nulz demourer en ceste nef, ainçois demourroient en (~dans) Cypre :
[no.zǝ.rw͜e nys dǝ.mo͜w.rer ɑ̃ sε.tǝ nεf ε.̃sw͜e dǝ.mur.rwej dɑ̃ si.prǝ]
nul n'oserait demeurer en ce navire, ils demeureraient plutôt à Chypre.
par quoy (~pourquoi), se Dieu plait, je ne mettrai jà tant de gent
[pur.kwe sǝ djø plε ʒǝ ne mε.tre ʒɑ tɑ̃ dǝ ʒɑ̃]
C'est pourquoi, s'il plaît à Dieu, je ne mettrai plus tant de gens
comme il a céans en péril de mort;
[kɔm il ɑ se.ɑ̃s ɑ̃ pe.riʎ dǝ mɔr ]
comme il y en a ici en péril de mort.
ainçois demourrai céans pour mon peuple sauver.
[ε̃.sw͜e dǝmur.rw͜e se.ɑ̃s pur mɔ̃ pœ.plǝ sa͜w.vεr]
Plutôt, je demeurerai ici pour sauver mon peuple.
* * *
Le grand amour que Saint Louis vouait à son peuple s’entendit lorsque, gravement malade au château de Fontainebleau, il dit à son fils aîné, Louis de France :
Biau filz, je te pri que tu te faces amer au peuple de ton royaume;
[bja͜w fis ʒǝ tǝ pri kǝ ty tə fas ɑ̃.mεr o pœ.plǝ dǝ tɔ̃ rw͜ε.jo:m]
Beau fils, [dit-il], je te prie de te faire aimer du peuple de ton royaume,
car vraiement je aimeraie miex que un Escot venist d'Escosse
[kar vrε.jǝ.mɑ̃ ʒɑ̃.mǝ.rε mjø kœ̃ ne.kɔt vǝ.nit de.kɔs]
car vraiment j'aimerais mieux qu'un Écossais vînt d'Écosse
et gouvernast le peuple du royaume bien et loialment,
[e gu.vεr.nɑ lǝ pœ.plǝ dy rw͜ε.jo:m bjε̃ e lw͜e.ja.mɑ̃]
et gouvernât le peuple du royaume bien et loyalement,
que que tu le gouvernasses mal apertement.
[kǝ kǝ ty lǝ gu.vεr.nas mal a.pεr.tǝ.mɑ̃]
que tu le gouvernasses mal aux yeux de tous.