La compilation des tableaux des parties accentuées des spécimens à travers les trois enquêtes trace aussi un portrait assez juste de la classification botanique de nos voyageurs.
Par exemple les illustrations des ouvrages de Champlain montrent d'abord un intérêt pour le fruit, pour l'appareil végétatif et pour l'appareil reproducteur qui est dessiné sans le détail des parties de la fleur (Voir les tableaux et
).
L'entreprise de Nicolas laisse voir surtout l'appareil végétatif et les fruits. L'appareil reproducteur ne fait pas partie des éléments à la classification botanique de notre jésuite (Voir le tableau ).
La classification visuelle des illustrations de la Description de Charlevoix laisse voir le dessin précis de l'appareil végétatif, celui du fruit et finalement, celui de l'appareil reproducteur qui n'établit pas avec précision les structures internes de la fleur (Voir le tableau ).
Les illustrations des trois enquêtes reconstituent les filiations iconographiques permettant une première analyse critique de l'illustration botanique en Amérique française du XVIIe siècle au milieu du XVIIIe. À partir de l'étude de ce matériel documentaire particulier, se mettent en place les premiers jalons d'une histoire de l'iconographie botanique prélinéenne en Amérique française.
Le passage de la gravure sur bois à la gravure sur métal, avec la précision que cette dernière apporte au rendu de la plante observée, est notable dans les corpus iconographiques européens. Or il est difficile d'en apprécier la portée et l'importance en Amérique française du XVIIe siècle au milieu du XVIIIe.
Les listes d'auteurs en botanique cités par les jésuites Nicolas et Charlevoix présentent un grand intérêt. Des recherches plus minutieuses amèneraient à un répertoire des ouvrages de botanique illustrés du XVIIe et XVIIIe siècles et permettraient de cerner davantage le champ des connaissances pour cette période de l'histoire des sciences en Nouvelle-France. Il faut souhaiter que notre recherche incite les jeunes chercheurs à faire reculer les limites de l'histoire de l'iconographie scientifique.