Initiative TR3

Qu’est-ce que l’initiative TR3?

L’Initiative TR3 (trajectoire, triage et Trois-Rivières) a pour but d’améliorer la prise en charge de la lombalgie complexe en favorisant une approche interdisciplinaire qui facilite l’amélioration de la trajectoire de soins tout en considérant les besoins des patients. En impliquant divers professionnels de la santé, notre approche vise à offrir aux patients et patientes des soins de qualité favorisant une meilleure qualité de vie.

Lombalgie

La lombalgie est la première cause mondiale d’incapacité. En 2017, la lombalgie fut responsable de près de 65 millions d’années vécues avec de l’incapacité, soit une augmentation de 17,5 % comparativement à 2007 (1). Bien que tout individu soit susceptible d’être atteint de lombalgie au cours de sa vie, la prévalence de cette condition évolue de pair avec la croissance et le vieillissement démographique, atteignant un sommet chez les individus d’âge moyen (2).

Selon un récent rapport de l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC), le secteur de la santé musculosquelettique est celui qui génère les coûts directs (soins de santé) et indirects (absentéisme et baisse de la productivité au travail) les plus importants (3). Au Québec, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) estime que la lombalgie correspond à plus de la moitié (54,5 %) des lésions musculosquelettiques en milieu de travail (4).

Les symptômes et les incapacités associés à la lombalgie varient d’un individu à l’autre en fonction de divers facteurs physiques, psychologiques, socio-économiques et environnementaux (5). En moyenne, seul le tiers des patients atteints de lombalgie connaitront une résolution complète de leurs symptômes dans les trois premiers mois suivant un premier épisode, alors que 65 % d’entre eux ressentiront toujours de la douleur après un an (6). Du fait de sa nature complexe et multifactorielle, la lombalgie est une condition pour laquelle le diagnostic et la prise en charge peuvent représenter un défi, d’où l’importance de s’y attarder davantage.

Trajectoire de soins et triage

Au Canada, les systèmes de santé publics sont constamment mis sous pression en raison de l’augmentation des coûts et des demandes de services (7). Améliorer l’accessibilité aux soins de santé spécialisés constitue d’ailleurs l’une des priorités que s’est donnée le Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec. Toutefois, due à une limitation des ressources disponibles, plus du tiers des patients nécessitant des soins spécialisés au Québec ne réussissent pas à avoir accès à un médecin spécialiste dans le délai prescrit par leur condition (8). En date du 28 février 2022, près de 56 000 patients attendaient depuis plus de 6 mois une intervention chirurgicale (8).

Dans le secteur de la santé musculosquelettique, les maladies et conditions de santé chroniques, dont la lombalgie, sont largement responsables du fardeau financier du système de santé publique au Canada (9). Plusieurs guides de bonnes pratiques cliniques internationaux proposent des recommandations permettant de guider l’évaluation et la prise en charge des patients consultant en première ligne de soins pour un motif de lombalgie. Cependant, des écarts demeurent entre les pratiques cliniques actuelles et ces lignes directrices, se traduisant notamment par une mobilisation inefficace des ressources en santé, dont le recours injustifié à des tests diagnostiques ou à l’opinion de médecins spécialistes (10, 11), déférant ainsi l’accès aux patients qui en ont réellement besoin (10).

Selon la majorité des guides de bonnes pratiques cliniques internationaux, la mise en œuvre de stratégies telles qu’une meilleure utilisation des données probantes et une refonte des trajectoires cliniques (11-13) est nécessaire afin de remédier à cette problématique. Ainsi, une façon d’améliorer la trajectoire de soins des patients est de s’assurer que le premier professionnel de la santé consulté soit le plus à même d’identifier leur condition, de prodiguer le traitement approprié ou de les diriger vers le professionnel de la santé dont ils ont besoin. Plusieurs professionnels de la santé possèdent une expertise musculosquelettique susceptible d’optimiser la trajectoire de soins des patients souffrant de lombalgie, mais ceux-ci demeurent peu intégrés au système de santé public.

Les soins de première ligne

Les services de soins de santé primaires, dits « de proximité » constituent le point d’entrée du patient dans le système de soins de santé. Ils sont destinés à l’ensemble de la population et facilement accessibles sans avoir à recourir à une référence. Les soins de santé primaires relèvent d’une infrastructure légère, de compétences professionnelles générales et diversifiées ainsi que de techniques courantes d’interventions. De façon générale, ils permettent à la fois de fournir sans attendre une importante variété de services incluant la prévention des maladies et la promotion de la santé, l’évaluation et le traitement de blessures et de maladie courantes mais également de coordonner les services de soins de santé pour assurer la continuité des soins et faciliter le cheminement au sein du système de soins de santé lorsque des soins plus spécialisés sont nécessaires.

Les soins de deuxième ligne

Les services de soins de santé secondaires, dits « spécialisés », sont complémentaires aux soins prodigués en première ligne et relèvent de ressources et technologies avancées, permettant le traitement de problématiques de santé complexes, mais relativement fréquentes. Ces services visent notamment la récupération de l’autonomie, l’intégration et la participation sociale et leur accès est généralement possible par la référence d’un professionnel de la santé. Les services de deuxième ligne offrent notamment aux patients qui présentent des incapacités découlant de problèmes de santé physique, ou de déficience physique, des services spécialisés d’adaptation, de réadaptation, d’intégration ainsi que d’hébergement.

Les soins de troisième ligne

Les services de soins tertiaires, dits « surspécialisés », sont complémentaires aux soins de première et deuxième ligne et relèvent d’équipements, de technologies et d’expertises sophistiqués et rares, concentrés dans un nombre limité d’établissements de santé. L’accès à ces services requiert une référence et permet la prise en charge de populations aux prises avec des problèmes de santé et des problèmes sociaux très complexes, dont la prévalence est souvent plus faible.