Voici une sélection de quelques constats ressortis d’articles scientifiques récents sur le thème Activités intergénérationnelles.
Les mille et un bienfaits des activités intergénérationnelles sur le bien-être psychologique et la participation sociale des différentes générations
- Une revue des écrits scientifiques1 sur les impacts des interventions intergénérationnelles non familiales suggère que l’activité intergénérationnelle apporte différents bienfaits pour les participants. En effet, ces activités aideraient à briser l’isolement, autant pour les plus jeunes que les personnes aînées. De plus, elles favoriseraient l’inclusion, la santé mentale et la compréhension mutuelle, en plus de permettre d’aborder l’âgisme et d’autres enjeux concernant le vieillissement.
Des activités virtuelles alliant les personnes aînées à des personnes plus jeunes peuvent combler des besoins de connexions et d’interactions sociales
- Une recherche2 menée en Ontario a examiné les effets d'un atelier intergénérationnel pour créer des vidéos en réalité virtuelle durant la pandémie. Les vidéos étaient réalisées à l’aide d’une caméra 360°. Ces ateliers avaient plusieurs buts: maintenir une stimulation sociale et intellectuelle ainsi que la santé psychosociale, contribuer à l'acquisition de compétences numériques, encourager de nouvelles méthodes d'expression dans un environnement favorable, et offrir un accès équitable aux nouvelles technologies. Ainsi, cinq paires de participants, incluant un grand-parent accompagné d’un de ses petits-enfants (13 à 18 ans), ont réalisé le vidéo en racontant des moments de leur vie et en partageant des souvenirs. Ils étaient accompagnés à distance par des membres du personnel d’une bibliothèque. Après l'atelier, tous les participants ont déclaré se sentir moins isolés, plus connectés aux autres et plus confiants pour apprendre l'utilisation d'une nouvelle technologie.
- Une étude pilote américaine3 a exploré l’impact de rencontres virtuelles, appelées sessions de présence compatissantes, entre un étudiant et une personne aînée vivant en milieu d’hébergement et de soins de longue durée. Ces rencontres ont permis de créer un lien significatif et solide entre deux générations. Chez les personnes aînées, le sentiment de solitude a été réduit. Leur capacité à se remémorer des souvenirs signifiants a aussi été améliorée et leur besoin d’interactions sociales a été satisfait. Quant aux étudiants, une amélioration de leur perception et de leur compréhension des réalités des personnes plus âgées et du vieillissement a été observée.
Conversations entre les générations : des interventions téléphoniques et par vidéoconférences qui favorisent le bien-être et réduisent le sentiment d’isolement social
- Une recherche américaine4 a évalué une intervention téléphonique intergénérationnelle visant à réduire le sentiment de solitude et à promouvoir le bien-être émotionnel chez les personnes aînées pendant la pandémie. Les résultats montrent que la plupart des participants aînés ont apprécié les conversations comme source de lien social, notamment la réciprocité et le respect mutuel.
- Des étudiants dans le domaine de la santé ont interrogé 55 bénévoles aînés par vidéoconférence afin de connaître leur perception du vieillissement dans le cadre d’une étude5 réalisée au Vermont (États-Unis) en période de pandémie. Les participants aînés ont déclaré que cette expérience avait eu un effet positif sur leur humeur et leur avait permis de se sentir plus connectés à la société. Cette étude a apporté d’autres impacts positifs pour les personnes aînées tels que la réduction du sentiment d'isolement social et la facilitation d'un engagement authentique. De plus, les futurs professionnels de la santé ont bénéficié d’occasions importantes d'apprentissage.
La cohabitation intergénérationnelle profitable pour tous, une approche prometteuse auprès des personnes vivant avec des atteintes neurocognitives
- Une étude pilote australienne6 sur l’impact de l’implantation d’un programme intergénérationnel d’hébergement a permis d’observer l’engagement des résidents dans leurs activités et leurs relations sociales. Les participants incluaient neuf personnes aînées vivant avec une démence et quatre étudiants du domaine de la santé. Cette expérience a permis aux étudiants d’apprécier les personnes au-delà de leur diagnostic et a créé des occasions pour les étudiants et les résidents de passer du temps ensemble de façon plus spontanée. De plus, les résultats montrent une amélioration du sentiment de valorisation et de la qualité de vie des résidents vivant avec une démence. Il s’agirait donc d’une approche prometteuse pour un vieillissement positif.
Quels mécanismes mettre en place auprès des jeunes pour contrer l’âgisme ? Des pistes pour élaborer des interventions intergénérationnelles efficaces
- Une équipe québécoise de l’Université de Sherbrooke a effectué une recension7 réaliste de la littérature publiée entre 2000 et 2022 qui avait pour but de fournir une compréhension globale des interventions pour contrer l’âgisme les plus efficaces chez les jeunes. Une analyse du contenu des articles a permis de mettre en lien les contextes entourant ces interventions, les méthodes utilisées et les résultats obtenus. Les résultats suggèrent que les facilitateurs contextuels favorisant des changements des stéréotypes, des préjugés et de la discrimination étaient les suivants : 1) l'amélioration des connaissances sur le vieillissement et les personnes aînées en fournissant des informations nuancées, 2) l'amélioration de la qualité des contacts intergénérationnels, 3) l’accroissement des possibilités d'appliquer les connaissances acquises précédemment dans les interactions intergénérationnelles et 4) la promotion de la réflexion sur les expériences avec les personnes aînées.
Une activité intergénérationnelle virtuelle peut-elle réduire l’âgisme, autant chez les personnes aînées que chez les plus jeunes?
- Une équipe de chercheurs8 aux États-Unis a examiné si une activité intergénérationnelle virtuelle était réalisable et efficace pour réduire l'âgisme chez les personnes aînées et les jeunes adultes, pendant la pandémie de COVID-19. Ainsi, 16 personnes aînées et 15 jeunes adultes ont participé à une activité virtuelle intergénérationnelle, qui consistait en 1) une activité de nuage de mots destinée à combler le fossé entre les générations, 2) une activité incluant huit énoncés à classer et 3) une réflexion sur les stéréotypes à faire en duo (une personne aînée jumelée à un jeune). Les participants ont répondu à des sondages avant et après l’activité virtuelle. Les analyses des données n'ont montré aucun changement significatif de l'âgisme à l'égard des personnes aînées. Les attitudes âgistes des personnes aînées envers les jeunes adultes ont toutefois été réduites de manière significative. De plus, les commentaires des participants sur l’activité font ressortir les éléments suivants : des conversations intergénérationnelles enrichissantes, la remise en question des stéréotypes, l’engagement communautaire des personnes aînées, des sentiments partagés par rapport au vieillissement, et les bons côtés du vieillissement. Les auteurs concluent que ces résultats, bien que préliminaires, ont démontré la faisabilité de cette activité.
Une recherche participative de co-design pour contrer l’âgisme chez des étudiants
- Des chercheurs de Hong Kong ont réalisé un projet9 de co-design participatif intergénérationnel visant à contrer l'âgisme par des contacts entre étudiants et personnes de 60 à 75 ans, dans le cadre d’une expérience éducative innovante. Le projet consistait en des ateliers où chaque groupe d’âge en apprenait sur l’autre groupe par des documentaires ou des séances d’apprentissage. Ensuite, les participants des deux groupes d’âge ont été invités à réfléchir ensemble sur des idées pour préserver l’héritage culturel de Hong Kong. Par exemple, un des groupes a travaillé à la préservation du tai-chi sous la forme d'une capture de mouvement en 3D. Ce projet a eu lieu durant tout un semestre scolaire. Les résultats montrent une amélioration significative des attitudes des étudiants à l'égard des personnes aînées, incluant un changement positif de perception, une remise en question de stéréotypes et un ajustement d’attentes et de comportements mutuels. Les auteurs concluent que cette étude peut guider la mise en place d’un modèle d'expérience d'apprentissage intergénérationnel auprès d’étudiants.
Une activité de réminiscence intergénérationnelle pour solidifier les liens entre grands-parents et petits-enfants
- Une étude10 menée aux États-Unis avait pour objectif d’accroître le bien-être des personnes aînées d'origine asiatique et d’améliorer les liens entre les générations. Pour ce faire, un programme intergénérationnel de réminiscence entre grands-parents et petits-enfants a été mis en place. Six séances de discussions de type bilan de vie ont eu lieu entre les 12 duos de grands-parents et petits-enfants, à distance ou en personne, à raison d'environ une heure par semaine pendant six semaines. Puis, chaque participant a fourni une réflexion écrite chaque semaine après avoir discuté avec son grand-parent. Les analyses de ces réflexions écrites font ressortir deux catégories de thèmes :
1) Des expériences positives : plus de liens avec le grand-parent, apprendre davantage sur la vie passée du grand-parent, plus d'engagement l’un envers l’autre ;
2) Des expériences plus difficiles ou des défis rencontrés : trop d'explications, barrières de langue ou de vocabulaire, sujets trop vastes.
Des stratégies facilitant la discussion ont aussi été nommées (ex. : passer plus de temps ensemble, recourir à des traducteurs, prendre des notes). Les auteurs concluent que cette activité de réminiscence offre la possibilité de renforcer les liens sociaux et l'engagement entre les grands-parents et les petits-enfants dans les familles américaines d'origine asiatique, et d'aider les petits-enfants à mieux comprendre la vie des personnes aînées avant et après l'immigration.
État des lieux sur les interventions efficaces pour lutter contre l'isolement social et la solitude chez les personnes aînées
- Les programmes de prescription sociale représentent une avenue pertinente pour connecter les personnes recevant des soins primaires à des services communautaires. Une équipe de recherche montréalaise a réalisé une méta-revue11 de littérature qui a permis d'identifier 11 types d'interventions visant à lutter contre l'isolement social et la solitude chez les personnes âgées, soit en augmentant les interactions sociales, en fournissant un soutien instrumental, en promouvant le bien-être mental et physique, ou en fournissant des services à domicile et des soins communautaires. Les activités sociales de groupe, les groupes de soutien éducatifs, les activités récréatives et la formation ou l'utilisation des technologies de l'information et de la communication s’avèrent les plus efficaces. Un résultat intéressant est que les interventions intergénérationnelles et les interventions de type « communautés conviviales » ont présenté plus de 70% d'efficacité pour la réduction de la solitude et l'augmentation du soutien social.