Conclusion (suite 1.)

La plupart des illustrations* du Brief Discours montrent une classification proche de la seconde manière de faire la botanique au XVIe siècle; c'est-à-dire qu'elle traduit un intérêt visuel marqué pour le détail dans la représentation des fruits. L'appareil reproducteur commence déjà à susciter un peu d'intérêt pour le dessinateur.

Rousseau, parlant des illustrations botaniques du Brief Discours, disait qu'elles étaient "naïves et imprécises"*. Nous avons établi qu'il s'agissait plutôt d'un bon exemple de la rencontre de deux ordres de connaissance du monde végétal propres au XVIe et au milieu du XVIIe siècles, c'est-à-dire: "ce qu'on voit des choses et tous les signes qui ont été découverts en elles ou déposés sur elles"*. Certes Rousseau a-t-il raison de chercher à retrouver dans les dessins une certaine proximité avec ce que la science actuelle connaît des plantes décrites par Champlain, mais tout le contexte idéologique et iconographique du temps semble lui échapper.

Les descriptions de plantes dans le texte des Voyages de 1603 à 1612 sont moins élaborées que dans le Brief Discours. Elles font tout de même état de catégories comme: les arbres, les fruits, les racines et les herbes. L'auteur parle du format des fruits, de leur couleur, de la consistance de leur pulpe, de leur goût, de leur odeur et de leurs utilisations culinaires.

Les illustrations botaniques de la Carte de 1612 traduisent certaines attitudes typiques de la fin du XVIe siècle et du début XVIIe. À l'univers de l'expérience et de l'observation de Champlain se lie celui du graveur Pelletier. Le monde de l'édition auquel participe Pelletier est riche de traités de botanique qui sont illustrés. L'utilisation des plaques et des esquisses de plantes issues de traités anciens ou contemporains est alors fréquente. Rien ne laisse supposer que Pelletier soit un illustrateur botanique expérimenté. Il utilisait déjà les structures iconographiques de pages frontispices pour les Amérindiens. Lorsqu'une esquisse n'était pas suffisamment claire, il lui était donc plus simple de reprendre les structures iconographiques connues de certains traités de botanique importants du temps ou d'utiliser les images de plantes de la bordure des pages de certains ouvrages illustrés sur la botanique américaine.

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