Compte tenu du peu de détails dans le texte de l'Histoire naturelle et des figures du Codex, il est assez difficile d'aller plus loin dans l'identification. Le folklore amérindien fait état de certains lichens comme en témoigne cet extrait des aventures de Carcajou:
"Carcajou s'éloigna. Tout en marchant, il lui sembla entendre quelque chose. Le bruit paraissait provenir de deux grosses roches. Il s'en approcha et comprit que le bruit venait de derrière elles. Sur ces roches se trouvait du lichen. 'Est-ce toi qui cause ce bruit?' demanda-t-il au lichen. Comme celui-ci répondait affirmativement, Carcajou lui demanda: 'Es-tu comestible?' 'Bien sûr! ' _ ' Qu'arrrive-t-il à celui qui te mange? ' _ 'Il se met à péter!' Carcajou commença aussitôt à en manger et ne tarda pas à péter."* .
En 1653, selon Jacques Dalechamps et Jean Des Moulins, la Mousse terrestre peut être ajoutée pour conserver le vin:
"Si on la prend sur du vin qui veut tourner, elle le remettra en son naturel dans peu de temps. Or il faut prendre autant de Mousse, qu'il en faut à proportion de la grandeur du vaisseau."* .
L'association de la Victis Indica et canadencis et de ce lichen s'expliquerait alors par l'usage de celui-ci, non seulement comme nourriture qui remplace le Maïs en cas de famine, mais également comme agent de conservation pour le vin. Nous n'avons pas retrouvé dans les traités du XVIe ou du XVIIe siècles des plantes portant ce nom. Par contre, la figure du Codex est très proche d'une série de figures d'un lichen connu depuis l'Antiquité pour sa forme et ses propriétés thérapeutiques: la Pulmonaria ou "Herbe aux Poulmons" .
Nicolas croyait peut-être avoir découvert une nouvelle variété de lichen qui était souverain pour les tripes et qui ressemblait au Pulmonaria. La Tripe de roche présente des qualités que Nicolas n'a pu exprimer autrement que par le nom qu'il lui donne et par la place de choix entre la Vigne et le Maïs dans le Codex.