Dans l'iconographie botanique du Brief Discours de 1598-1601, la manière de classer et de représenter les plantes est proche de celle de Fuchs (1542), de Matthioli (1544), de Clusius (1583, 1601), de Césalpin (1583), de Della Porta (1588) et de Gerard (1597). Aucun lien direct ne peut être établi entre les figures de ces traités et celles du Brief Discours de Champlain.
Des liens iconographiques directs ont été établis entre les figures de plantes de la Carte de 1612 et celles de Matthioli (1544), de Laguna (1555), de de Bruyn (1581) et de Le Moyne de Morgues (1580). La classification botanique de ces figures de plantes s'apparente à celle de Césalpin (1583) et de Gerard.
Dans les deux cas, les figures de plantes sont très proches par leur classification d'une botanique de la fin du XVIe siècle. Des liens directs établis entre les figures de certains traités de botanique connus, contemporains de la Carte de 1612, confirment l'intérêt des figures.
L'univers botanique du Brief Discours et de la Carte de 1612 est contemporain de deux courants de pensée importants en botanique: la théorie des Signatures et le début d'une classification botanique ayant comme principales préoccupations de distinguer et de décrire les espèces végétales. Le premier univers possède des caractéristiques iconographiques précises qui relèvent et déchiffrent les signatures, les marques des propriétés que Dieu y a placées en créant le monde. Le texte et l'illustration font état de cette lecture. Foucault résume bien cette manière de faire la botanique du XVIe siècle jusqu'au milieu du XVIIe:
"Inutile de s'arrêter à l'écorce des plantes pour connaître leur nature; il faut aller droit à leurs marques, - à l'ombre et l'image de Dieu qu'elles portent ou à la vertu interne."*.
Nous avons établi qu'une faible proportion du texte du Brief Discours montre la force de l'analogie. La plupart des descriptions vont plutôt révéler une classification faite à partir des caractères physiques de la plante. L'intérêt porte surtout sur le fruit et l'appareil végétatif. Le format, les textures, les couleurs, le goût, les usages culinaires et médicinaux précisent le caractère propre à chacune des espèces. Le texte du Brief Discours montre que l'auteur ne classait pas selon les espèces et que ses explorations sont guidées par la recherche des plantes utilisables en médecine et ayant une valeur économique. Contrairement à Cartier, l'auteur du Brief Discours ne prend pas position par rapport aux textes des anciens botanistes. Les observations faites sur le terrain, selon les paramètres décrits plus haut assurent du bien-fondé des descriptions.