L'illustration des plantes du cartouche de la Carte de 1612 et la classification botanique du temps (suite 4.)

Champlain ne fait aucune mention dans ses Voyages de cette plante aux propriétés thérapeutiques qui pousse dans les sols humides. Par contre, la structure iconographique qui veut qu'une plante soit représentée dans son écologie existait au XVIe siècle* et Pelletier connaissait peut-être ce type de représentation. Nous avons retrouvé deux exemples de ce type de représentation: le premier vient du De Natura aquatilium de F. Boussuet et est daté de 1558 Illustration; le second vient d'un traité très populaire d'Andrès De Laguna, La Materia Medica de Dioscoride, édité en 1555 à Anvers Illustration. La façon dont De Laguna représente la Rubeta est proche de celle de Pelletier; mais le milieu naturel est montré avec plus de détails. La plante illustrée par Champlain Illustration ne ressemble aucunement à la Sarracénie pourpre qui était connue, représentée par Clusius (1601) et nommée Limonio congener Illustration.

La représentation de John Josselyn dans son New-Englands Rarities* datant de 1672 Illustration décrit précisément cette plante très particulière. Elle ne ressemble aucunement à celle de Champlain . Ce dernier a peut-être voulu montrer une espèce de batracien que les Européens ne connaissaient pas et qui se trouvait en Nouvelle-France. Le Père Gabriel Sagard décrit une grenouille bien particulière:

"Ces Oüraons ou grosses Grenouilles sont verdes, et deux ou trois fois grosses comme les communes; mais elles ont une voix si grosse et si puissante, qu'on les entend de plus d'un quart de lieuë loin le soir, en temps serain, sur le bord des lacs et rivières, et sembleroient (à qui n'en auroit encore point veu) que ce fust d'animaux vingt fois plus gros: pour moy ie confesse ingenuëment que ie ne sçavois que penser au commencement, entendant de ces grosses voix, et m'imaginois que c'estoit de quelque Dragon, ou bien de quelqu'autre gros animal à nous incogneu. I'ay oüy dire à nos Religieux dans le pays, qu'ils ne feroient aucune difficulté d'en manger, en guise de Grenoüilles: mais pour moy ie doute si ie l'aurois voulu faire, n'estant pas encore bien asseuré de leur netteté."*

Dans la partie droite du cartouche de la Carte de 1612, la présence d'un batracien ajoute aux curiosités.

Page précédente  Retour au début du chapitre  Page suivante