Voici une sélection de constats provenant d’écrits scientifiques publiés entre 2018 et 2023 sur le thème Soutenir les gestionnaires et les intervenants :
Le bien-être des bénévoles favorisé par les relations bienveillantes entre collègues, la valorisation des talents et la reconnaissance du travail accompli
- Une enquête québécoise1 a permis de faire ressortir les quatre facteurs qui semblent les plus importants pour expliquer le bien-être des travailleurs et travailleuses communautaires. Ces facteurs incluent: le soutien des collègues, le soutien du superviseur, l'utilisation de ses forces au travail et le sens du travail. Ainsi, il est bénéfique pour des responsables d’organismes communautaires d'encourager les relations bienveillantes entre collègues, de favoriser les relations positives avec la personne superviseure, de même que d'identifier, valoriser et mettre à profit les forces et les talents particuliers de chacun. De plus, il est essentiel de reconnaître leur travail qui est important et qui fait une différence dans la société.
Les bienfaits du programme Léo sur la santé mentale des intervenants communautaires
- Une autre étude2 de cette équipe s’est intéressée au programme Léo(nouvelle fenêtre), visant à soutenir la santé mentale des intervenants communautaires (Meunier et collaborateurs, 2022). Leurs résultats suggèrent que les utilisateurs seraient satisfaits du programme. Notamment, des changements positifs sont notés sur (1) les émotions ressenties, (2) les comportements adoptés et (3) les pensées face à différentes situations difficiles.
Les bienfaits de la formation interprofessionnelle sur la compréhension mutuelle des pratiques des travailleurs de la santé et du milieu communautaire
- Des travaux3 réalisés aux Philippines soulignent aussi le potentiel d’un programme de formation réunissant des travailleurs provenant d’établissements de santé et du milieu communautaire. Les conclusions démontrent que cette formation a augmenté l’attitude positive des travailleurs relativement à la collaboration interprofessionnelle et a permis une meilleure continuité de soins. De plus, le contact avec d'autres professionnels au cours de la formation a permis une meilleure compréhension mutuelle des pratiques des travailleurs de la santé et du milieu communautaire.
Le recrutement et l’engagement durable des bénévoles soutenus par la formation axée sur l’autonomisation, la reconnaissance de leur apport et un fonctionnement logistique facilitant leur rôle
- Les auteurs d’une étude canadienne4 visant à comprendre la rétention des bénévoles dans les organismes communautaires abordent, quant à eux, trois recommandations aux programmes de formation de bénévoles : 1) expliquer les impacts positifs de la formation pour soutenir l’apprentissage et la préparation des bénévoles, 2) communiquer aux bénévoles les retombées positives de leur engagement pour la population visée afin de donner un sens à leur travail et ainsi renforcer les objectifs du bénévolat et 3) veiller à ce que les aspects logistiques du rôle de bénévole fonctionnent bien.
- Une étude réalisée en Australie5 démontre aussi qu’il est utile de former des personnes aînées pour devenir bénévole à l’aide d’un programme mettant l’accent sur l’autonomisation (empowerment), car ceci favorise l’engagement durable. De plus, l’autonomisation peut favoriser les comportements proactifs dans un leadership organisationnel.
Des outils pour soutenir la fidélisation, l’accueil et le recrutement de bénévoles
- Le Parcours FAR(nouvelle fenêtre)6, une plateforme québécoise qui vise à soutenir et à outiller les organismes à but non lucratif en général, offre toute une panoplie d’outils et de ressources concernant la coordination des bénévoles, sur trois volets distincts, mais complémentaires : la fidélisation, l’accueil et le recrutement (FAR).
Pour la mise en place de nouvelles initiatives de participation sociale en milieu rural : prendre en compte les structures et les organisations, les parties prenantes et l’environnement physique
- Une équipe québécoise a mis en place quatre initiatives de participation sociale en milieu rural, soit : (1) une communauté bienveillante7, (2) un système de transport urbain, (3) la création d'un site web sur les activités de participation sociale, et (4) un atelier de participation sociale. Les facteurs influençant leur développement et leur implantation ont ensuite été évalués8. Ils en sont venus à la conclusion que plusieurs facteurs contextuels doivent être pris en compte pour soutenir l’implantation de telles initiatives. Ceux-ci étaient principalement liés aux structures et aux organisations (ex. : la cohérence entre les missions et les orientations des organisations), les parties prenantes (ex. : motivation et attitude à l'égard de la collaboration), et l'environnement physique (ex. : la distance géographique entre les parties prenantes).
Pour la mise en place d’une nouvelle initiative de répit à domicile : miser sur des ressources humaines qualifiées ainsi que des services de relève flexibles accessibles et adaptés aux besoins
- Des résultats d’une recherche québécoise9 suggèrent des pistes utiles pour les gestionnaires d’organismes intéressés par la mise en place d’une initiative de répit à domicile pour les proches aidants. Les conclusions de l’étude sont : 1) les ressources humaines doivent être compatibles avec le secteur des soins à domicile et être formées et qualifiées pour offrir un répit aux aidants informels des personnes aînées, 2) les services de relève flexibles doivent tenir compte du temps, de la durée, de la fréquence et de la prédictibilité des services en regard des besoins et 3) les services de relève flexibles à domicile doivent être accessibles, appropriés, abordables, disponibles et acceptables. Dans l'ensemble, les services de relève flexibles à domicile doivent s'adapter aux besoins du proche aidant et du bénéficiaire des soins en termes de QUI, QUAND et COMMENT.
Facilitateurs, défis et leçons pour guider la mise en œuvre d’interventions d’appropriation des technologies offertes par les milieux communautaires en période de pandémie
- Dans une étude américaine10, un programme d’entraînement à l’utilisation des technologies d’information et de communication a été offert individuellement durant 14 semaines à des personnes aînées confinées à domicile, avec l’aide de bénévoles formés par des organismes du milieu communautaire. L’étude a identifié plusieurs facilitateurs, défis et leçons pour guider la mise en œuvre de ces interventions dans les milieux communautaires :
« Parmi les aspects qui ont facilité la mise en œuvre, notons la relation existante de l'organisation avec la clientèle, une infrastructure établie pour fournir des interventions communautaires, l'alignement des objectifs de l'intervention avec les objectifs plus larges de l'organisation, et le financement pour soutenir le personnel dédié au programme.
Les difficultés rencontrées comprenaient le temps et les ressources considérables du personnel du programme, la coordination des efforts de partage d’informations entre les multiples partenaires, le recrutement des participants et des bénévoles, et les interruptions dues à la COVID-19.
Les leçons tirées suggèrent l’importance de: l'identification de stratégies efficaces de recrutement de participants et de bénévoles en fonction de la capacité organisationnelle et des stratégies de recrutement existantes; l'utilisation d'une approche ciblée pour identifier les participants potentiels ; la flexibilité dans la conception de l'intervention lorsque l'on travaille avec une population de personnes aînées confinées à domicile; et le suivi de la relation participant-bénévole par le biais de rapports remplis par les bénévoles afin d'atténuer et de prévenir les enjeux potentiels. » [traduction intégrale de Jiménez et al., 2021, p. 110]
État des lieux des transports inclusifs pour personnes aînées et de leurs besoins en matière d’accompagnement-transport
- Une revue11 de littérature sur les besoins des personnes aînées en matière d’accompagnement-transport a été publiée par une équipe de recherche de l’Université Laval. Les résultats de cette revue sont présentés en cinq sections, soit : 1) les besoins physiologiques des personnes aînées, 2) leurs besoins psychologiques et émotionnels, 3) leurs besoins sociaux et relationnels, 4) leurs besoins informationnels, et 5) l’adéquation entre l’offre de services et ces besoins. En résumé :
- L’état de santé physique des personnes aînées influence directement leurs besoins en transport, que ce soit pour accéder aux soins médicaux, aux services communautaires, ou pour maintenir leur autonomie et leur bien-être par l’activité physique.
- L’accès à un service de transport adapté renforce le sentiment de sécurité, d’indépendance et d’appartenance des personnes aînées, tout en contribuant à réduire l’isolement social et les impacts psychologiques liés à la perte du permis de conduire.
- Les services de transport adaptés facilitent l’inclusion sociale des personnes aînées en leur permettant de rejoindre leurs proches, de participer à des activités favorisant leur bien-être, et d’interagir avec des accompagnateurs à l’écoute de leurs besoins.
- Les personnes aînées ont des besoins informationnels ; elles ont besoin de connaître les services et les activités de leur communauté et de savoir comment y accéder.
- Les services d’accompagnement-transport doivent être adaptés au public visé, soit en étant accessibles, abordables et flexibles, et en répondant aux besoins essentiels et sociaux des personnes aînées.
Un outil pour analyser et maximiser les bienfaits sociaux des activités physiques de groupe pour les personnes aînées
- Des chercheurs canadiens ont créé un cadre conceptuel12 pour aider les intervenants et les gestionnaires à maximiser les bienfaits sociaux des activités physiques de groupe pour les personnes aînées. Pour le concevoir, ils ont recueilli des idées auprès de 18 acteurs municipaux impliqués dans des programmes au sein de villes amies des aînés et 2 personnes aînées ayant vécu des expériences d’activités physiques en groupe. Ce cadre met en avant cinq types de bienfaits : avoir des modèles à suivre, créer des réseaux sociaux, encourager la participation sociale, développer des liens sociaux et recevoir du soutien social. Les chercheurs pensent que cette classification des bienfaits peut aider les professionnels à mieux concevoir les activités de groupe, à adopter des stratégies efficaces pour favoriser ces bienfaits et à élaborer des outils pour les analyser et les améliorer.
Le potentiel de l’activation comportementale pour favoriser l’engagement actif et le bien-être chez les personnes aînées
- Une équipe de recherche australienne s’est intéressée13 au potentiel d'un programme d’activation comportementale pour soutenir l'engagement actif et l’amélioration du bien-être psychologique des personnes aînées. Les chercheurs ont évalué la faisabilité et les retombées de ce programme qui impliquait des rencontres de thérapie psychologique, incluant de l’information et l'engagement dans des activités significatives. Le programme a démontré sa faisabilité auprès de personnes retraitées âgées de 65 à 86 ans. Les participants ont trouvé le programme bénéfique en termes d'amélioration de la conscience de soi et de l'engagement social. Les résultats appuient la faisabilité de l'activation comportementale comme étant une intervention appropriée pour accroître l'engagement et le bien-être des personnes aînées. Les auteurs proposent également des pistes pour adapter un programme pour les personnes aînées.
Quelles stratégies favorisent la participation des personnes aînées aux activités sportives?
- Une équipe américaine14 a étudié l’intérêt des personnes aînées pour le sport récréatif dans une enquête en ligne auprès de 1 203 adultes de 50 ans et plus en 2019. L’objectif était de mieux comprendre cette population selon leur état de santé, leur temps disponible et leur expérience sportive. Bien que beaucoup ne pratiquent pas régulièrement un sport, près de la moitié seraient prêts à essayer une nouvelle activité. Les sports suscitant le plus grand intérêt sont le golf, le pickleball et le softball, suivis des quilles, de la randonnée, du tennis, du volley-ball et de la natation. Cependant, moins de 20 % des participants se disent satisfaits des offres locales en sport et loisirs. Les principaux obstacles sont les problèmes physiques, le manque d’informations, l’absence de partenaires, le coût et le manque d’accès aux infrastructures. L’étude recommande aux organismes d’améliorer l’accès aux sports pour les aînés en valorisant la santé, le plaisir et l’aspect social, en offrant des possibilités aux débutants, en veillant à ce que les programmes soient adaptés à l'âge et modifiés pour réduire le risque de blessure, en introduisant les nouvelles personnes aux autres afin de former des équipes, en proposant des options peu coûteuses, et en augmentant l’information par le biais de canaux efficaces pour ce groupe d'âge. Elle souligne aussi l'importance de 1) prioriser les personnes aînées lors de la planification des activités sportives et 2) de comprendre leurs intérêts liés au sport et leurs besoins spécifiques.
Comment favoriser le soutien social entre les personnes aînées participant à des activités physiques en groupe?
- Une équipe canadienne a réalisé une recherche15 pour mieux comprendre comment favoriser le soutien social entre les personnes aînées participant à des activités physiques en groupe. D’après les résultats, les programmes doivent promouvoir les relations entre les participants pour permettre le soutien social. Aussi, les participants peuvent se soutenir entre eux en : 1) s'incitant à pratiquer davantage d'activité physique, 2) s’aidant à maintenir leur engagement dans l'activité physique, 3) s’aidant à reconnaître qu'ils ont réussi à pratiquer une activité physique, et 4) s’apportant du réconfort durant les moments difficiles. Ce soutien renforce la motivation des participants et leur capacité à surmonter les obstacles. Ces constats peuvent guider les intervenants et les gestionnaires dans la planification et l’organisation des activités physiques de groupe s’adressant aux personnes aînées.
Les obstacles à l’inclusion sociale vécus par les personnes aînées immigrantes canadiennes
- Une équipe canadienne16 a mis en place des forums de discussion17 pour sensibiliser différents acteurs œuvrant auprès des personnes immigrantes canadiennes aux expériences de vieillissement de ces dernières. Cette méthode a permis de créer un espace de réflexion et de discussion en incitant les participants à partager leurs expériences et leurs connaissances. Les personnes immigrantes ont nommé des barrières structurelles et systémiques à leur vieillissement telles que : 1) les services déficients de traduction, 2) le manque d’éducation culturelle des intervenants, 3) le design peu optimal des services et des établissements de soins de santé, et 4) les politiques rigides. La précarité financière, le manque de soutien à l’inclusion sociale, le faible soutien aux proches aidants et le manque d’hébergement et de moyens de transport adaptés aux besoins des personnes immigrantes sont des barrières également nommées. Enfin, l’article inclut plusieurs recommandations pour solutionner ces enjeux et favoriser l’inclusion sociale.