Parkinson donne d'ailleurs une pelle à son Adam de la page frontispice de son Theatrum Botanicum de 1640 . Nous avons retrouvé quelques images proches de la Carte de 1612. Pelletier a pu s'inspirer simplement des bordures de pages frontispices du temps; par exemple, cette page du Omnium pene Europae, Asiae, Aphricae atque Americae gentium habitus (1581) d'Abraham de Bruyn qui montre quelques variétés américaines de cucurbitacées, des raisins, des cerises, des fraises et même des insectes et des animaux de petites et grandes tailles.
Les gravures représentant les "Noix de bois" de Le Moyne de Morgues de même que la Corylus silvestris de Crispin de Passe sont très proches de la figure de la Carte de Champlain . Abraham de Bruyn et Crispin De Passe réalisèrent plusieurs gravures à partir des travaux de Le Moyne de Morgues voir la collection du Rijkmuseum, Amsterdam * (MAJ 2015) .
Pelletier et De Passe ont sûrement copié le dessin des Noisettes attribué à Le Moyne De Morgues . D'une part, nous avons une confirmation visuelle de la manière de décrire qui vient de la botanique du temps, laquelle met en évidence des fruits et des feuilles; et d'autre part, celle qui veut qu'on utilise les gravures ou les dessins de plantes qui circulent déjà dans les ateliers européens pour montrer les plantes américaines.
L'analogie avec les plantes françaises est souvent utilisée dans les descriptions littéraires de plantes ou d'arbres. De même, on peut s'expliquer que Pelletier représente "les fruits du Coudrier européen et non du nôtre"* en s'inspirant du modèle iconographique européen de Le Moyne de Morgues. Curieusement, Rousseau ne fait aucunement référence à cette filiation iconographique.
Le cartouche de la Carte de 1612 établit par l'illustration des plantes une classification d'après une méthode qui est artificielle et qui classe en fonction des caractères physiques de la plante: i.e. les fruits et l'appareil végétatif. Le texte des Voyages de 1603 à 1612 le confirme.
Le cartouche de la Carte de 1612 montre, dans la partie gauche, les plantes cultivées et dans la partie droite, laisse voir la végétation des sous-bois. La présence du batracien dans ce groupe de plantes s'expliquerait alors plus facilement. Champlain voulait peut-être associer ces plantes aux sous-bois et aux milieux humides; ou encore voulait-il montrer la Sarracenia purpurea (Linné), la Sarracémie pourpre, l'Alicotache ou l'Herbe-crapaud:
"Dans les principaux dialectes indiens de l'Amérique. la plante est désignée sous le nom d'Herbe-crapaud. C'est ce que signifie "l'Alicotache" des Montagnais de la Côte-Nord, et le "Makikiotache" des Algonquins du Témiscamingue; l'idée semble être que la Sarracénie, comme le crapaud, mange les insectes. Tous les Indiens affirment que la plante est souveraine contre la vérole / . . . /".*.