Les Montagnais de la rivière Moisie au gouvernement canadien, 1865.

Serez-vous jamais capables de nous comprendre, nous Indiens ? Êtes-vous capables de rentrer nos paroles dans vos cœurs, vous qui nous gouvernez, nous qui sommes ici, nous qui sommes nés ici-même, nous qui avons la conviction profonde que nos terres nous appartiennent, comme le pense d'ailleurs Dieu notre Maître. Nos terres sont saccagées, nous ne trouvons même plus de quoi survivre, on s'est emparé de nos rivières pour qu'elles ne servent qu'à eux, les Blancs.

Vous qui, aujourd'hui, voulez nous donner des ordres, la seule chose qui nous reste, c'est de regarder la rivière couler, et nous n'avons même pas le droit de prendre un seul poisson, nous qui sommes pauvres.

Que voulez-vous donc de nous aujourd'hui ? C'est bien vrai que vous avez tout ce qu'il faut pour vivre; pourquoi donc n'aurions-nous pas les mêmes possibilités de vivre ? Combien de temps encore allez-vous vous contenter de regarder notre pauvreté ? Combien de temps allez-vous mettre à comprendre notre façon de vivre ?

Nous demandons de l'aide. Ce n'est pas par paresse ou par lâcheté que nous sommes immobiles, c'est parce qu'on ne nous donne pas le droit d'aller chercher notre nourriture pour faire vivre nos enfants. Et nous pensons tous que nous ne pourrons pas survivre sans nos terres et nos rivières.

Toi, le Gouvernement, tu pourrais écouter ce que nous demandons, ce que nous souhaitons aujourd'hui et toujours.

(Signé)
Dominique, chef,
Barthélémy et Jérôme.

Source : Apostolat, vol. 52 (5), septembre-octobre 1981, p. 3.