Appel à communications
PERSPECTIVES CONTRASTÉES EN SCIENCES DE L’ÉDUCATION: COMMENT FAVORISER LE DIALOGUE?
1. CONTEXTE
Dans leur rapport sur l’université du futur, les FRQ (2020) exposent les diverses tendances susceptibles d’influencer les universités, et notamment l’accomplissement de leur mission d'enseignement, de recherche et de création, de transfert de connaissances ainsi que de service aux collectivités. Les universités subissent aussi des transformations propres à leur mission de recherche, en raison notamment de demandes sociales et politiques en matière d'interdisciplinarité, de collaborations internationales ainsi que de partenariats avec les milieux de pratique et plus largement la société. Ajoutons à cela l’adhésion des organismes de financement de la recherche aux principes Équité, Diversité et Inclusion (EDI) (FRQ 2021; Gouvernement du Canada, 2019; 2023) qui invitent les chercheuses et chercheurs à porter un regard critique sur leur pratique en recherche, de la conception des projets à leur réalisation, en passant par les personnes impliquées et leurs relations ainsi que le partage des ressources et des retombées. Les sciences de l’éducation, en tant que champ scientifique reconnu (Hofstette et Schneuwly, 2001), sont directement interpelées par ces tendances, en plus d’être traversées par des enjeux spécifiques liés à la fois aux fortes demandes du terrain et des décideurs, demandes parfois contradictoires, mais aussi au fait qu’elles regroupent différentes disciplines fondatrices (Hoftette et Schneuwly, 2001).
Considérant ces tendances globales et enjeux spécifiques, il est clair que diverses perspectives contrastées marquent les sciences de l’éducation depuis leurs débuts. À cet égard, abordant l’évolution de la recherche en éducation au Québec, Anadon (2018) avance que « depuis plus de quarante ans, la recherche en éducation est au cœur de débats et de remise en question. Sa scientificité, sa légitimité et l’impact sociopolitique de ses résultats demeurent au centre [de] polémiques et [de] controverses » (p. 17). Bien que ces perspectives contrastées aient contribué à la richesse du champ disciplinaire, celles-ci sont loin de disparaitre, se perpétuant en se renouvelant constamment. Récemment, de nombreux exemples de ces polémiques et controverses ont (ré)émergé en témoignant d’autant de perspectives contrastées sur des questions d’ordre épistémologique, théorique, disciplinaire, méthodologique, relationnel, etc.
On observe également des défis auxquels est confrontée la recherche en éducation pour mettre en relation et faire dialoguer ces polémiques et controverses. Martineau (2007) rappelle que pour qu’il y ait dialogue, il est nécessaire de reconnaitre que « l’autre est un interlocuteur valable » (p. 72). Il importe ainsi de créer des espaces où les perspectives contrastées peuvent se parler, et le colloque en éducation du réseau de l’Université du Québec (CÉRUQ) semble être un espace de choix pour entamer cette conversation. Dans ce sens, le Conseil supérieur de l’éducation (2006), dans un rapport se penchant sur le dialogue entre la recherche et la pratique en éducation, évoque l’importance des pratiques de rapprochement, de pont, d’interface, de complémentarité, de synergie et « interpelle tous les acteurs intéressés, afin de développer ensemble une culture de la recherche et de l’innovation à la hauteur de l’importance que revêt l’éducation dans notre société fondée sur le savoir » (p.. 94).
Dans le cadre de la 25e édition du CÉRUQ, il est proposé de porter un regard actualisé sur ces perspectives contrastées et sur le rôle de la recherche dans l'établissement de ce dialogue.
2. INTENTIONS
Comment faire de la recherche dans un contexte où des perspectives contrastées cohabitent? Quelles sont ces perspectives contrastées? Comment la recherche favorise le dialogue entre ces perspectives?
Ces questions générales invitent les personnes participantes à réfléchir à leurs projets de recherche, à leurs expériences en recherche ou à leur champ de recherche, en ce qui a trait aux perspectives contrastées (épistémologique, théorique, disciplinaire, méthodologique, relationnelle, etc.) qui les traversent et à questionner la façon dont elles s’y manifestent. Les communications contribueront à la réflexion collective au sujet des perspectives contrastées en éducation, mais aussi des conditions qui permettent de mettre en dialogue ces perspectives contrastées en recherche.
3. AXES
Le colloque est structuré autour de quatre principaux axes faisant chacun état de perspectives contrastées pouvant être dégagées de tout projet de recherche. Elles peuvent se situer:
- au sein du processus de recherche;
- au sein des relations entre les membres de la communauté de recherche;
- entre la communauté de recherche et les milieux de pratique;
- entre la recherche et la société.
Les propositions attendues s’inscrivent dans au moins un de ces axes, selon le choix et l’intérêt des participant.e.s. Il n'est pas nécessaire de présenter un projet de recherche qui porte spécifiquement sur un de ces axes, mais plutôt d’en interroger au moins un, de manière plus ou moins élaborée, à partir de tout projet ou de toute expérience en recherche. Ainsi, une proposition de communication doit mettre en évidence des perspectives contrastées en lien, par exemple, avec une problématique de recherche, un cadre théorique ou encore un projet terminé.
Afin d’aider les chercheuses et chercheurs en formation ou de carrière à situer leur proposition de communication dans l’un des axes suivants, des questions, non exhaustives, sont proposées.
Axe 1: Perspectives contrastées au sein du processus de recherche
- Quels sont les concepts qui font actuellement débat? Comment intégrer ces débats dans les travaux de recherche?
- Comment assurer l’interdisciplinarité et l’intersectorialité en recherche?
- Quelles sont les tensions entre la recherche appliquée et la recherche fondamentale?
- Etc.
Axe 2: Perspectives contrastées au sein des relations entre les membres de la communauté de recherche
- Comment gérer les perspectives contrastées à même une équipe de recherche? Quel équilibre dans la prise en compte des différentes perspectives?
- Comment prendre sa place en tant que jeune chercheur.se? En tant que personne étudiante? Quelle importance est accordée aux perspectives de ces nouveaux acteurs du milieu de la recherche?
- Quel est le rôle de la formation universitaire à l’égard des sujets de controverse et des tensions existantes dans le domaine des sciences de l’éducation?
- Etc.
Axe 3: Perspectives contrastées entre la communauté de recherche et les milieux de pratique
- Quel alignement entre les besoins des milieux de pratique et les intérêts de la recherche?
- Comment négocie-t-on les rôles des personnes chercheuses et des personnes praticiennes au sein de la recherche? Comment peut-on inclure les élèves dans le processus de recherche?
- Comment arriver à un langage commun entre la communauté de recherche et les milieux de pratique?
- Etc.
Axe 4: Perspectives contrastées entre la recherche et la société
- L’information diffusée au public doit-elle faire consensus? Comment s’assurer d’un dialogue fécond de remise en question des savoirs scientifiques ?
- Comment encourager la démocratisation dans la société des savoirs produits par la recherche? Comment les recherches en éducation peuvent-elles favoriser le dialogue entre des visions contrastées dans la société?
- Quel est le rôle des scientifiques dans la société? Comment les recherches en éducation peuvent-elles aider la société?
- Etc.
4. LISTE DE RÉFÉRENCES
Anadon, M. (2018). Quelques repères sociaux et épistémologiques de la recherche en éducation au Québec. Dans T. Karsenti et L. Savoie-Zajc (dir.), La recherche en éducation : étapes et approches (page 17-50). Presses de l’Université de Montréal.
Conseil supérieur de l’Éducation. (2006). Le dialogue entre la recherche et la pratique en éducation: une clé pour la réussite. https://www.cse.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/2020/01/50-0182-RF-dialogue-recherche-pratique-REBE-04-05.pdf(nouvelle fenêtre - PDF)
Fonds de recherche du Québec. (2020). L’université québécoise du futur : tendances, enjeux, pistes d’action et recommandations. http://www.scientifique-en-chef.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/UduFutur-FRQ-1.pdf(nouvelle fenêtre - PDF)
Fonds de recherche du Québec. (2021). Stratégie en matière d’équité, de diversité et d’inclusion 2021-2026. https://frq.gouv.qc.ca/app/uploads/2021/07/frq_strategieedi_fr-2.pdf(nouvelle fenêtre - PDF)
Gouvernement du Canada. (2019). Dimensions : équité, diversité et inclusion Canada. http://www.nserc-crsng.gc.ca/NSERC-CRSNG/EDI-EDI/Dimensions-Charter_Dimensions-Charte_fra.asp(nouvelle fenêtre).
Gouvernement du Canada (2023). Pratiques exemplaires en matière d’équité, de diversité et d’inclusion en recherche. https://www.sshrc-crsh.gc.ca/funding-financement/nfrf-fnfr/edi-fra.aspx(nouvelle fenêtre)
Hofstetter, R. et Schneuwly, B. (2001). Sciences de l'éducation entre champs disciplinaires et champs professionnels. Dans R. Hofstetter et B. Schneuwly (dir.), Le pari des sciences de l'éducation (page 7-25). De Boeck Supérieur.
Martineau, S. (2007). L’éthique en recherche qualitative : quelques pistes de réflexion. Recherches qualitatives (Hors série 5), 70-81. http://www.recherche-qualitative.qc.ca/documents/files/revue/hors_serie/hors_serie_v5/martineau.pdf(nouvelle fenêtre - PDF)