3. L'illustration botanique: un art et des styles.
La question spécifique de l'analyse des structures de la représentation telle que proposée par Ernst Gombrich permet de cerner les mécanismes de compréhension et d'élaboration de la représentation et fait la preuve de l'existence d'habitudes précises inhérentes à l'observation et à la description du réel par l'image.
Celle-ci devient un écran reflétant les idées, les habitudes stylistiques et iconographiques traditionnelles d'une ou de plusieurs époques. L'image est "archives" et montre comment s'illustre la connaissance des êtres vivants à chaque moment de l'histoire. Gombrich appuie son raisonnement sur le tempérament ou la personnalité de l'artiste, avec ses goûts et ses choix particuliers. Celui-ci intervient dans la transformation qu'il fait subir au motif. Il explique, à l'aide de gravures du XVIe au XVIIIe siècles, l'influence du contexte iconographique sur l'interprétation du motif et arrive à la conclusion suivante:
"The familiar will always remain the likely starting point for the rendering of the unfamiliar; an existing representation will always exert its spell over the artist, even while he strives to record the truth." *.
Non seulement la production d'une époque marque le travail de l'artiste mais Gombrich avance, preuves à l'appui, que l'artiste ne se contente pas d'une simple reproduction du stéréotype mais l'adapte à une fonction représentative particulière en y ajoutant certains détails qu'il croit savoir appartenir à la réalité qu'il représente. On peut illustrer ce fait par deux gravures représentant un rhinocéros. D'abord le célèbre bois gravé de Dürer datant de 1515 
et la gravure sur métal de Heat datant de 1789, 1790 .
Dürer invente cette représentation à partir de témoignages et complète ses informations en s'aidant de ce qu'il sait d'un autre animal exotique fabuleux: le dragon au corps recouvert d'une armure*. Cette gravure servira ensuite de modèle pour toutes les représentations de rhinocéros, même dans des livres d'histoires naturelles et ce, jusqu'au XVIIe siècle.
Le rhinocéros de Heat aurait été dessiné sur le vif . Si c'est le cas, il est intéressant de noter la proximité avec le stéréotype de 1515* . Il n'est pas en effet sans idées préconçues et évoque certains aspects du bois gravé de Dürer. Par exemple la peau de l'animal s'apparente dans un cas comme dans l'autre à une armure. Gombrich n'arrive pas à identifier cet animal rare à deux cornes peint supposément sur le vif .
