Le "Bled d'Inde" mérite, dans le texte de l'Histoire naturelle et dans les figures du Codex, une description plus élaborée que les autres plantes. Nicolas tente de qualifier et de classer ce qu'il observe. Il commente certaines théories du temps sur l'origine du Maïs:
"Du Bled d'Inde, Du mil D'espagne ou Du Bled de Turquie. De tous ces noms je n'en trouve point de plus convenable que celuy de Bled d'Inde: car il est certain qu'il a été porté des Indes occidentales, et non pas de Turqui ny d'espagne, n'y d'aucune partie de lasie: quoy qu'en disent quelques écrivains."*.
De qui parle-t-il lorsqu'il mentionne ces quelques écrivains? Il nomme quatre variétés de Blé: celui d'Inde, celui d'Espagne, celui de Turquie et celui d'Asie. Dans sa description du "Bled des Indes occidentales", Nicolas réfère à une querelle du XVIe siècle où Jean Du Ruel*, Leonhart Fuchs* et Hieronymus Bock* avancaient que le Maïs venait d'Orient; d'autres botanistes comme Camerarius en 1588*, Dodoens en 1583* et avec eux Nicolas, vers le milieu du XVIIe, croyaient comme Antoine du Pinet dans sa version revisée des Commentaires de Matthioli que:
"Cette sorte de blé, que faussement on appelle Turcique peut estre mis au nombre des froumens: je dis faussement, d'autant qu'on le doit nommer Indique. Car il a esté premierement apporté des Indes Occidentales, non d'Asie ny de Turquie, comme veut Fuchsius."* .
Nicolas s'inspire fortement de ce texte de Matthioli, revu et corrigé par Pinet pour introduire sa propre description du "Montamin" ou "Bled d'Inde". Louis Nicolas mentionne les auteurs auxquels nous référons plus haut. Il va même jusqu'à s'associer à tous ceux qui critiquent Fuchs. Il reprend à sa manière certains extraits du texte de Matthioli, très connu depuis 1544 et traduit en français en 1642. Louis Nicolas fait une fois de plus état de son ignorance des traités illustrés de ses contemporains comme, par exemple, ceux des Bauhin.
L'Historiae plantarum generalis* de Jean Bauhin fait la synthèse de tout ce qui avait été écrit sur les végétaux depuis l'Antiquité. Bauhin connaissait Gesner et sa classification. Il a même publié en 1594 sa correspondance avec Gesner*. Nicolas utilise l'iconographie de Gesner pour son traité des animaux et mentionne dans l'Histoire naturelle qu'il a vu certaines plantes au Jardin de Montpellier. Du début jusque vers le deuxième tiers du XVIIe siècle, plusieurs grands botanistes étudient ou travaillent à Montpellier qui sera pendant plusieurs siècles un lieu important pour la recherche sur la botanique.