Cadre théorique
Dans les sociétés occidentales, la population des aînés va particulièrement augmenter dans les prochaines décennies. Le coût de la dépendance pour la société est alarmant. La perte d'autonomie des personnes âgées serait liée au déclin cognitif. Des études ont rapporté un impact négatif de la retraite sur le fonctionnement cognitif (Bonsang, Adam, & Perelman, 2012; Mazzonna & Peracchi, 2012, 2014; Rohwedder & Willis, 2010). Elles mettent en évidence que les capacités cognitives sensibles aux effets du vieillissement biologique seraient davantage affaiblies chez les retraités par rapport à des individus d'âge équivalent encore en activité. Néanmoins, les capacités cognitives de certains retraités sont tout à fait équivalentes à celles de travailleurs de même âge. Une profession caractérisée par des niveaux élevés de charge mentale serait associée à des niveaux plus élevés de fonctionnement cognitif avant la retraite et à un vieillissement cognitif moins prononcé après la retraite (Fisher et al., 2014). D'ailleurs, il y aurait davantage de déclin cognitif chez les retraités qui avaient peu d'activités physiques, sociales ou cognitivement stimulantes (Amano, Park, & Morrow-Howell, 2017). De plus, la retraite aurait un effet néfaste à long terme sur la cognition pour les personnes qui prennent leur retraite à l'âge légal d'admissibilité alors qu'elle aurait un rôle protecteur pour ceux qui prennent leur retraite dans le cadre d'un régime de retraite anticipée (Celidoni, Dal Bianco, & Weber, 2017).
Objectifs généraux
Le projet de recherche général a pour but d'identifier les causes du déclin cognitif lié à la prise de retraite par l'étude des composantes cognitives, sociales et biologiques des personnes nouvellement retraitées et de développer des programmes cognitifs et psychoéducatifs de prévention du déclin cognitif chez les personnes qui vont prendre leur retraite. Pour ce faire, ce projet de recherche se fixe pour objectif de mettre en évidence, dans un premier temps, le déclin cognitif associé à la prise de retraite de façon transversale en comparant des personnes allant prendre leur retraite dans les deux années à venir à des personnes à la retraite depuis moins de deux années. Dans un deuxième temps, l'objectif sera de mettre en évidence de façon longitudinale ce déclin en réévaluant les personnes travailleuses une fois qu'elles seront à la retraite et en comparant l'état de leurs capacités cognitives à celles évaluées auparavant. Un sous-groupe de ces participants participera à un programme de prévention afin d'évaluer l'efficacité de programmes de prévention du déclin.
Objectifs des sous-projets
- Rédaction d’un « Study protocol » permettant de démontrer la faisabilité et la validation de l’étude globale.
- Valider une version française québécoise du Memory Binding Test auprès d’une population âgée.
- Caractériser les processus de mémoire épisodique, tels que l’encodage, la consolidation et la récupération, qui déclinent avec la prise de retraite.
- Étudier l’effet des croyances générales envers les personnes âgées et la perception du vieillissement sur le fonctionnement cognitif global au moment de la prise de retraite.
- Spécifier et quantifier la nature du lien entre la sédentarité et le fonctionnement cognitif global au moment de la prise de la retraite.
- Étudier le déclin de la mémoire prospective, comparativement à des personnes de même âge à l'emploi.
- Identifier les conditions psychosociales du travail associées à un déclin des capacités cognitives lors de la prise de retraite.