Un texte de Champlain met en évidence une autre plante qu'il représente derrière le couple Almouchicois:
"Nous vismes force febves du Bresil, & force citrouilles de plusieurs grosseurs, bonnes à manger, du petun & des racines, qu'ils cultivent, lesquelles ont le goust d'artichaut."*.
Selon Gagnon, ce pourrait-être le Topinambour, l'Helianthus tuberosus (Linné), l'Hélianthe tubéreux ou en anglais le Jerusalem Artichoke. L'hypothèse de Gagnon repose sur la description de Champlain qui dit que les racines cultivées par les Amérindiens ont le "goust d'artichaut". Son hypothèse est confirmée par un auteur contemporain de Champlain du nom de John Parkinson*. Celui-ci a écrit le Paradisi in Sole Paradisus terrestris, la somme de nombreuses années de recherche, éditée en 1629. Il y décrit plus de 7000 plantes pouvant vivre sous le climat des Iles britanniques. Il classe dans la famille des patates le Jerusalem Artichoke . Il en décrit trois sortes: celles qui sont d'origine espagnoles, les virginiennes et les canadiennes. Il explique que les Anglais les ont nommées Jerusalem Artichoke uniquement parce que la racine bouillie goûte "is in taste like the bottome of an Artichoke head"* ce qui explique en partie son nom. Il semble que Jerusalem soit une déformation du nom de la plante, en italien girasole, en espagnol girasol*. Parkinson donne les usages de ces trois sortes de Patates et voici ce qu'il dit des Batatas de Canada, Potatoes of Canada, or Artichockes of Jerusalem:
"The Potatoes of Canada are by reason of their great increasing, growne to be so common here with us at London, that even the most vulgar begin to despite them, whereas when they were first received among us, they were dainties for a Queene. Being put into seething water they are soon boyled tender, which after they be peeled, sliced and stewed with butter, and a little wine, was a dish for a Queene, beeing as pleasant as the bottome of an Artichoke: but the too frequent use, especially being so plentifull and cheape, hath rather bred a loathing then a liking of them."*
Champlain et Parkinson partagent la même opinion quant au goût de cette racine. Ce que Champlain et son graveur représentent derrière les Almouchicois, c'est la partie aérienne de la plante: celle-ci est proche de la représentation de la fleur de Parkinson . Elle ressemble aussi à la réalité actuelle de l'Helianthus tuberosus (Linné) et .
Or, Champlain représente surtout des fruits et les parties importantes des plantes dans le cartouche de la Carte de 1612. Il ne montre pas les tubercules de cette plante cultivée par les Amérindiens. Pourtant Gerard dit qu'un dénommé Pelleterius nomme cette plante l'Heliotropium Indicum tuberosum* et que Bauhin dans son Pinax en parle comme du Helianthemum Indicum tuberosum*. Ce Pelleterius pourrait être le graveur Pelletier.