6. Louis Nicolas et la doctrine des Signatures (suite 3.)

Parkinson en 1629 met en doute le savoir des Jésuites sur la Granadille. Thomas Johnson, dans sa mise à jour du Herball de John Gerard de 1633, explique l'origine du nom : 

This Plant [Maracoc or Passion-floure], which the Spaniards in the West Indies call 'Granadilla', because the fruit somewhat resembles a Pomegranat, which in their tongue they term 'Granadas', is the same which the Virginians call 'Maracoc'. The Spanish Friers for some imaginarie resemblances in the floure, first called it 'Flos Passionis', the Passion floure, and in a counterseit figure, by adding what was wanting, they made it as it were an Epitome of our Saviours Passion: thus superstitious persons 'semper sibi somnium fingunt'. Bauhine desirous to refer it to some stock or kindred of formely knowne plants, gives it, the name of 'Clematis trifolia': yet the floures and fruit pronounce it not properly belonging to their Tribe; but 'Clematis' being a certaine genericke name to all wooddy winding plants, this as a species may come under the denomination, though little in other respects participating with them.*

Les botanistes du XVIIe siècle comme John Parkinson et Thomas Johnson prévilégient l'observation. On peut expliquer leur doute sur l'existence de cette plante devant cette figure jésuite du Maracoc ou de la Granadillus Frutex Indicus Christi Passionis Imago . D'ailleurs Parkinson place cette figure dans son texte en retrait de sa planche principale qui garde ce qu'il nomme le Maracoc sive clematis Virginia , the Virginian Climer Camera 504.

L'iconographie de la Passiflora incarnata Camera 504 est connue au XVIIe siècle et diffère de l'iconographie de la Passiflora quadrangularis (Linné). Dans la série de figures de 1614 à 1680 Camera 504, nous retrouvons une espèce différente de la "Granadille" de Nicolas ou du Maracoc . Les feuilles de la Passiflora incarnata sont trilobées. Cette suite de figures est intéressante parce qu'elle situe bien l'espèce que montre De Bry. Il accompagne son illustration d'un texte décrivant la plante et prend soin de souligner qu'il l'a vue au jardin de Jean Robin, en France, et qu'elle a été rapportée des îles du Canada:

"/.../ Ioh. Theodor de Bry. Flos Passionalis, sive Granadilla ex India. Floruit mense Augusto Anni 1612 in horto Ioannis Robini Herbary Regia Majest in Gallia, vidiq depictum à quodam, qui vocatur Anglus: conspectus est à multis Religiosis prafortim. Capucinis et alijs; affirmat aut Robinus sibi allatem ex Insula Canada"*.


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