Dans son texte sur le Gin-Seng, Charlevoix mentionne ses sources jésuites: Lafitau, Kirker et Jartoux. Le texte sur le Gin-Seng ou l'Aureliana Canadensis de la Description porte sur la manière de nommer la plante chez les Amérindiens, laquelle est proche d'une traduction du mot chinois:
"Les Iroquois /... / la nomment Garent-Oguen, mot composé d'Orenta, qui signifie les cuisses & les jambes, & d'Oguen, qui veut dire deux choses séparées. Cela se rapporte assez au mot Chinois, que le Traducteur du P. Kirker explique: les cuisses de l'Homme."* .
Une description comme celle-ci, qui associe la forme de la racine avec celle des parties de l'anatomie humaine qu'elle peut guérir, n'est pas sans rappeler les descriptions teintées par la doctrine des Signatures. Après cette entrée en matière rattachant les mots d'Orient et ceux d'Occident, Charlevoix opère des rapprochements géographiques:
"Quoiqu'il en soit, le Gin-Seng se trouve en plusieurs endroits du Canada, qui sont à peu près sous les mêmes parallèles que la Corée, d'où vient le Gin-Seng le plus estimé à la Chine."* .
Charlevoix évoque les grandes propriétés médicinales éprouvées au Canada comme en Chine:
"/... /aussi les Chinois mêmes y reconnoissent les mêmes vertus, & on les éprouve tous les jours en Canada, comme à la Chine."* .
Pour confirmer tout cela, il propose les témoignages écrits de Jartoux et Lafitau. Ce type de description ne s'attache pas longuement à l'observation directe et critique de la plante. Elle propose plutôt une histoire, un commentaire sur les propriétés thérapeutiques décrites dans le témoignage des Amérindiens ou de Jésuites qui peuvent témoigner de ces usages. Charlevoix ne s'attarde pas à la description des parties de la plante.
La figure du Gin-Seng ou l'Aureliana Canadensis de Charlevoix est très proche de celle du Mémoire* du père Lafitau . Son dessinateur et graveur de la figure du Gin-seng est Boudan*.
La figure de la Description montre la plante en entier. Elle est plus précise quant à la représentation des détails de la fleur et rend bien la forme et l'intérieur de la racine. Malgré tout, elle donne moins de détails que celle de Lafitau. De plus, ce dernier met en évidence une feuille et plusieurs formes de racines contrairement à Charlevoix qui, dans 56 figures sur 96, ne montre avec précision l'intérieur de la fleur qu'à une seule reprise* lorsqu'il copie Lafitau.