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Trousse virtuelle à l'intention du personnel éducateur œuvrant auprès des enfants 0-5 ans

Réalités familiales diverses · Sensibilisation à des réalités familiales diverses

Familles LGBTQ+

Ces informations permettent de considérer les principaux facteurs de vulnérabilité et l’exposition à la violence conjugale de l’enfant dont les parents font partie de la communauté LGBTQ+.

L’orientation sexuelle réfère à l’attirance — tant émotionnelle, affective que physique — qu’une personne éprouve pour les personnes de l’un ou des deux sexes; elle s’applique aux orientations homosexuelles (lesbiennes, gais), bisexuelles et hétérosexuelles.

L’identité de genre est une notion qui fait référence à l’expérience intime et personnelle de son genre profondément vécue, qu’elle corresponde ou non au sexe à la naissance. Il s’agit du sentiment d’être une femme, un homme, les deux, ni l’un ni l’autre, ou d’être à un point dans le continuum des genres.

Une personne est définie comme transgenre lorsque son identité de genre ne correspond pas au sexe biologique assigné à la naissance.

L’homoparentalité évoque toutes les situations familiales dans lesquelles au moins un adulte s’auto-identifiant comme homosexuel est le parent d’au moins un enfant.

La transparentalité évoque toutes les situations familiales dans lesquelles au moins un adulte est transgenre. « Une personne trans peut devenir parent avant ou après avoir entamé un processus de transition. Les familles transparentales peuvent être perçues également comme des familles hétéroparentales ou homoparentales. Dans le cas des parents trans qui considèrent leur famille comme étant homoparentale (ou dont leur famille est socialement perçue comme telle), ils font face à un double statut minoritaire » (Greenbaum, 2015).

Le sigle LGBTQ+ se veut inclusif de toutes les réalités de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres y compris, mais sans s’y restreindre, les réalités des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, trans, intersexes, queers, bispirituelles, pansexuelles, agenres et non binaires

Lexique de la diversité (site alix.interligne.co)

10 %

En 2016, 10 % des couples de même sexe cohabitaient avec au moins un enfant. Près de la moitié des familles homoparentales comptaient un enfant de moins de 5 ans (Gouvernement du Québec et MFA, 2020).

Marginalisation

Selon de récentes recherches, les personnes issues des communautés LGBTQ+ seraient plus susceptibles d’être impliquées dans une situation de violence conjugale que celles qui vivent au sein d’un couple hétérosexuel. L’INSPQ souligne toutefois que ces données doivent être interprétées avec prudence. En effet, les membres de ces communautés (et tout particulièrement les personnes qui s’identifient au genre masculin) dénoncent très peu les agressions dont ils sont victimes.

La diversité des familles

Les trajectoires et les types de familles homoparentales ou transparentales sont extrêmement variés. Par exemple, un enfant peut avoir été conçu dans le cadre d’une relation hétérosexuelle antérieure ou à l’aide des services de procréation assistée dans la relation actuelle, ou avoir été adopté par la famille homoparentale ou transparentale.

Exposition à la violence conjugale

+

Facteurs de vulnérabilité

=

Augmentation des conséquences

sur les besoins de développement de l’enfant

Exposition à la violence conjugale

Les conséquences qu’entraîne l’exposition à la violence conjugale sont les mêmes pour tous les enfants, peu importe s’ils grandissent au sein de familles LGBTQ+ ou non.

Toutefois, l’exposition à la violence conjugale peut contribuer à faire perdurer la marginalisation que ces enfants sont déjà plus susceptibles de subir.

Facteurs de vulnérabilité

Les facteurs de vulnérabilité viennent maintenir, déclencher ou augmenter la sévérité de la violence conjugale. De plus, ces facteurs de vulnérabilité se posent comme autant d’obstacles aux parents pour demander l’aide nécessaire.

Facteurs de vulnérabilité

Une partie importante des facteurs de vulnérabilité sont reliés à la pression psychologique vécue par ces familles en lien avec leur appartenance à un groupe minoritaire, stigmatisé et marginalisé. Cette situation peut entraîner des impacts psychologiques importants qui fragilisent les partenaires dans la relation conjugale et diminuent leur propension à aller chercher de l’aide.

Coeur brisé

Bien que toutes les formes de violence soient observées au sein des diverses réalités LGBTQ+, certaines d’entre elles peuvent se présenter ou s’intensifier de façon différente.

Par exemple :

  • le dénigrement pour des comportements, des attitudes ou des traits perçus comme efféminés chez les hommes gais
  • les menaces de dévoiler l’orientation sexuelle ou le genre du partenaire (contrôle hétérosexiste)
  • la violence physique par la négligence des soins médicaux, comme la prise d’antirétroviraux pour un partenaire séropositif ou le contrôle restreint d’hormones pour un partenaire en transition de genre

Premières Nations et Inuit

Ces informations permettent de considérer les principaux facteurs de vulnérabilité et l’exposition à la violence conjugale de l’enfant dont les parents font partie des Premières Nations et des Inuit.

Vous retrouvez, dans cette entrevue, Madame Lise Savard, chargée de projet pour les centres Mamik : « Je suis fière d’être Innue et d’avoir la chance de travailler avec des Premières Nations dans des lieux sécurisant culturellement ». Elle y aborde l’exposition à la violence conjugale des enfants des Premières Nations. Madame Savard a été, pendant de nombreuses années, directrice d’un CPE situé dans une communauté Première Nation. Elle développe des pratiques innovantes et des structures intégratives de services adaptés aux familles des Premières Nations ainsi qu’aux tout-petits. Les centres Mamik offrent des services aux familles de Premières Nations en milieu urbain.

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Mise en situation : Uapen

Uapen est un poupon âgé de 10 mois

Présentation

Famille : mère (Awastia), père (Jonathan)

Awastia est âgée de 25 ans. Elle est actuellement enceinte de son deuxième enfant (cinquième mois de grossesse).

Awastia est née et a grandi auprès de sa famille au sein de sa communauté autochtone. Elle a été placée en famille d’accueil hors de la communauté à l’âge de 8 ans, lorsque les services de protection de la jeunesse ont retenu un signalement concernant une situation de négligence grave. Lorsqu’elle a atteint l’âge de la majorité, Awastia est restée dans la ville où réside sa famille d’accueil. Elle garde contact avec sa famille biologique et lui rend visite ponctuellement.

À l’âge de 22 ans, elle rencontre Jonathan par le biais d’amis communs. Leur vécu familial présente certaines ressemblances et ils sentent qu’enfin, quelqu’un les comprend. Jonathan a été placé en famille d’accueil alors qu’il avait 10 ans. Il a souvent été témoin de comportements violents commis par son père à l’endroit de sa mère.

Son enfance a été ponctuée de cris et de propos dévalorisants échangés de part et d’autre entre tous les membres de sa famille. À l’âge de 16 ans, Jonathan a été hébergé en centre de réadaptation pour adolescents ayant des troubles de comportements. Il consommait de l’alcool et du cannabis, en plus de commettre des vols. Il subtilisait principalement de l’argent et des objets appartenant aux différents membres de sa famille d’accueil.

Awastia et Jonathan reçoivent du soutien de la part des Services intégrés en périnatalité et pour la petite enfance (SIPPE). Awastia a un emploi à temps partiel au dépanneur du coin et Jonathan réalise des travaux d’entretien extérieur (déneigement, gazon) pour l’entreprise d’un ami.

Visionnez cette animation pour mieux comprendre la vision de l'enfant exposé à la violence conjugale.

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Familles issues de la diversité culturelle

Ces informations permettent de considérer certains facteurs de vulnérabilité et l’exposition de l’enfant à la violence conjugale qui caractérisent les familles issues de la diversité culturelle.

Première génération

Les familles immigrantes de première génération comptent deux conjoints ainsi que des enfants, tous nés à l’extérieur du Canada.

Deuxième génération

Les familles immigrantes de deuxième génération comptent des enfants nés au Canada et au moins l’un des parents né à l’extérieur du Canada.

Troisième génération

Les familles immigrantes de troisième génération ou plus désignent celles dont les enfants et les deux parents sont nés au Canada.

Familles mixtes

Les familles mixtes comptent des parents qui appartiennent à des communautés ethniques ou culturelles différentes.

41,4 %

En 2019, la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) a publié un document sur les familles immigrantes du Québec et leurs tout-petits. On y apprend que 41,4 % des parents immigrants ne savent pas vers qui se tourner pour trouver l’information dont ils ont besoin concernant le développement des enfants ou leur rôle parental (Laurent, 2019). L’accès aux ressources est primordial afin de prévenir l’exposition des enfants à la violence conjugale.

Surreprésentation

Les femmes résidentes non permanentes et leurs enfants sont surreprésentés dans les maisons d’aide et d’hébergement d’urgence.

Exposition à la violence conjugale

+

Facteurs de vulnérabilité

=

Augmentation des conséquences

sur les besoins de développement de l’enfant

Exposition à la violence conjugale

Les enfants issus des communautés ethnoculturelles et ceux dont les parents sont nés au Québec se distinguent peu en regard des conséquences qu’entraîne l’exposition à la violence conjugale.

L’exposition à la violence conjugale au sein du pays d’accueil peut faire perdurer un contexte de stress, ce qui a pour effet de maintenir les conséquences de traumatismes vécus antérieurement.

Il faut lutter contre notre tendance à vouloir trancher si les difficultés du tout-petit sont attribuables à des conséquences entourant le processus d’immigration ou à son exposition à la violence conjugale. Chacun de ces éléments s’influence et doit faire l’objet d’une intervention.

Facteurs de vulnérabilité

Les facteurs de vulnérabilité viennent maintenir, déclencher ou augmenter la sévérité de la violence conjugale. De plus, ces facteurs de vulnérabilité se posent comme autant d’obstacles aux parents pour demander l’aide nécessaire.

Le contexte entourant le processus d’immigration (ex. : barrières linguistiques, situation socio-économique et professionnelle précaires, parrainage [pouvant exacerber les inégalités au sein du couple], etc.) entraîne à lui seul une vulnérabilisation des parents — particulièrement des femmes — augmentant ainsi le risque d’être victime de violence conjugale. Les différences culturelles (ex. : valeurs et croyances du pays d’origine), bien qu’elles peuvent y contribuer, ne suffisent pas à expliquer la présence de violence conjugale.

Facteurs de vulnérabilité

Bien que toutes les formes de violence soient observées au sein des diverses réalités ethnoculturelles, certaines d’entre elles peuvent se présenter ou s’intensifier de façon différente.

Exemples

La violence en provenance de la famille du conjoint auteur de violence conjugale peut faire perdurer le silence au sujet des comportements violents. La famille se montre alors complice, organise des mariages arrangés et exerce des pressions pour que le couple demeure ensemble.

La violence sexuelle commise par d’autres hommes de l’entourage de l’époux comme des amis.

La sévérité de la violence physique.

La famille de la mère peut se voir menacer si celle-ci quitte son époux ayant des comportements violents.

Ces différents facteurs de vulnérabilité peuvent faire augmenter le contrôle coercitif exercé par le parent qui commet la violence conjugale

Exemple

Interdire à la victime de quitter le domicile ou d’utiliser le téléphone, priver le parent et l’enfant de contacts sociaux.

Certaines conditions sociales favorisent ce contrôle comme l’inaccessibilité des services de garde en fonction du statut d’immigration, ce qui empêche le plus souvent les mères d’accéder au marché du travail.

Les facteurs de risque, dont la discrimination subie, peuvent se cristalliser à tout moment et faire augmenter les comportements violents. Ainsi, il est faux de croire que la violence conjugale coïncide exclusivement avec l’arrivée au pays d’accueil. Elle peut survenir plusieurs années après l’arrivée.

L’exposition à la violence peut entraîner une plus grande propension à avoir soi-même des comportements violents. Ainsi, l’exposition des hommes à la violence sociopolitique au sein de leur pays d’origine fait augmenter le risque qu’ils adoptent des comportements violents à même leur relation conjugale dans leur pays d’accueil.

La mixité ethnoculturelle

La mixité ethnoculturelle au sein des familles peut être à l’origine d’une augmentation des conflits conjugaux (ex. : conflits de valeurs) ainsi que de l’instabilité familiale, particulièrement en contexte de séparation (ex. : peur que le conjoint immigrant ne quitte avec l’enfant pour retourner dans son pays d’origine).

Familles recomposées

Ces informations permettent de considérer certains facteurs de vulnérabilité et l’exposition de l’enfant à la violence conjugale issu d’une famille recomposée.

Les trajectoires et les types de familles recomposées sont très variés. La recomposition familiale peut se conjuguer à une diversité de réalités familiales (ex. : LGBTQ+, ethnoculturelles).

Dans ce contexte d’exposition à la violence conjugale, la recomposition familiale est habituellement précédée d’une séparation et d’une période de monoparentalité. La violence peut être le fait d’une relation antérieure et se maintenir par l’entremise de la violence conjugale postséparation.

Famille recomposée

Le terme famille recomposée réfère à un couple avec enfants, vivant sous le même toit, dont la naissance ou l’adoption d’au moins un des enfants est issue d’une relation antérieure d’un des partenaires.

Pluriparentalité

En intégrant d’autres personnes que la mère, le père et l’enfant dans l’équation familiale, la famille recomposée introduit nécessairement le concept de pluriparentalité (Saint-Jacques, Drapeau & Parent, 2009).

L’enfant qui évolue dans une famille recomposée interagit avec un plus grand nombre d’adultes qui assument une responsabilité à l’égard de son bien-être. De même, les décisions qui le concernent nécessitent l’adoption de consensus ou de compromis par un plus grand nombre d’adultes.

Deux principaux types de familles recomposées :

Simple

Un seul des partenaires qui vivent ensemble a des enfants et leur naissance ou adoption est survenue avant la relation actuelle.

Complexe

Il existe trois sous-types de familles recomposées complexes.

  • Au moins un enfant est issu du couple et au moins un enfant est issu d’un parent seulement.
  • Au moins un enfant est issu de chacun des deux parents séparément et aucun enfant n’est issu du couple.
  • Au moins un enfant est issu du couple et au moins un enfant est issu de chacun des deux parents séparément.

10,7 %

Environ 10,7 % des familles recomposées comprennent au moins un enfant âgé de 0 à 4 ans (MFA, 2014).

3 ou 4 ans

Dans le cas des unions libres, la période médiane des séparations a lieu quand l’enfant a 3 ou 4 ans (MFA).

Exposition à la violence conjugale

+

Facteurs de vulnérabilité

=

Augmentation des conséquences

sur les besoins de développement de l’enfant

Exposition à la violence conjugale

Les conséquences qu’entraîne l’exposition à la violence conjugale sont les mêmes pour tous les enfants, peu importe s’ils grandissent au sein de familles recomposées ou non.

Toutefois, l’exposition à la violence conjugale peut contribuer à accentuer des situations stressantes, qui sont déjà plus susceptibles de survenir au sein de ces familles (réactions de l’enfant à la séparation, changements de garde, conflit de loyauté, etc.).

Facteurs de vulnérabilité

Les facteurs de vulnérabilité viennent maintenir, déclencher ou augmenter la sévérité de la violence conjugale. Ils entraînent des périodes de stress plus intenses qu’au sein des familles intactes. Les enfants sont exposés à ces facteurs de stress.

  • La multiplication des transitions familiales chez les familles recomposées
    Exemples

    L’enfant vit une période de monoparentalité avec son parent.

    L’enfant vit un ou des déménagements.

    L’enfant cohabite avec un beau-parent de façon instable, puis à temps plein.

    L’enfant doit établir des liens avec un plus grand nombre de personnes.
    (Saint-Jacques & Drapeau, 2009)

  • « Les jeunes de familles recomposées suivies par les services de protection se distinguent par ailleurs de celles appartenant à d’autres structures familiales sur le plan du niveau d’adaptation, de l’exposition à la violence conjugale et de la discontinuité relationnelle » (Saint-Jacques et coll., 2001).

    « Les analyses montrent que ce sont les jeunes qui ont vécu l’échec d’au moins une recomposition familiale qui présentent le plus de problèmes de comportement; les indices d’adaptation les plus faibles étant notés chez ceux qui ont vécu trois recompositions » (Deleury-Beaudoin, 2002).

    « Ces résultats soulignent le lien entre les transitions en série (et les processus qui y sont associés) et les problèmes d’adaptation » (Saint-Jacques, Drapeau & Parent, 2009).

  • La précarité de la situation économique que peut apporter la séparation.
  • Un contexte de postséparation hautement conflictuel : présence de conflits entre les parents et d’une coparentalité négative.
  • L’arrivée d’un nouveau partenaire peut exacerber la violence postséparation.
    Ouvrir le PDF Grille d’appréciation de la dangerosité

    Grille d’appréciation de la dangerosité en matière d’exposition à la violence conjugale

    Consulter le document

  • Des exigences plus élevées en matière d’habiletés de communication : une famille recomposée nécessite que une communication plus constructive et plus significative de la part des figures parentales en comparaison à une famille nucléaire.
Facteurs de vulnérabilité
  • La relation parent-enfant est établie de façon marquée et depuis plus longtemps que la relation conjugale, ce qui peut créer des alliances et augmenter les tensions ou les conflits.
    Exemple

    Lors d’un désaccord, le parent fait alliance avec son enfant en mettant de côté les autres membres de la famille recomposée.

  • La nécessité de réorganiser les valeurs, les attentes et les rôles au sein de la famille recomposée.
  • Le rôle de beaux-parents :
    • Une image plus négative attribuée au rôle de beau-parent.
    • « Les études menées par Claxton-Oldfield (2008) montrent que pour un comportement identique, les beaux-parents sont souvent perçus moins aimants et moins gentils que les parents. » (Rapport final 2010)
    • Une plus grande confusion entourant les responsabilités du beau-parent.
    • La relation entre le beau-parent et l’enfant qui demeure à construire.
    • Le transfert de modèles d’interactions négatives d’une union à l’autre (ex. : utilisation de comportements aversifs tels les pleurs, l’induction de la culpabilité, le retrait et la violence) (Saint-Jacques et Drapeau, 2009).

      Pour aller plus loin sur les différents rôles de beau-parent, visitez le site www.famillesrecomposees.com.