Environ 500 Béothuks occupaient l'île de Terre-Neuve à l'arrivée des Européens. On sait peu de choses sur ce peuple qui a été entièrement décimé. Pendant l'été, les Béothuks fréquentaient le littoral de l'île pour la pêche. L'hiver, ils se rendaient à l'intérieur des terres pour la chasse au caribou. Leurs premiers contacts avec les Européens ne semblent pas nécessairement hostiles. Les Béothuks, qui n'échangent pas directement avec les Européens, restent méfiants. Ce peuple, qui tolère à distance ces nouveaux venus, est qualifié de «nation farouche».
Source : Mary March (Desmasduit), Indienne de la tribu des Béothuks, en 1819, Henrietta Martha Hamilton, ANC C-087698 © Fondation Historica
Au début, les Béothuks ne touchent pas à l'attirail de pêche ni aux bateaux laissés par les Basques sur la grève. Par la suite, ils ramassent ce qu'ils y laissent afin d'acquérir des produits européens (hachettes, couteaux, lignes, hameçons). Les pêcheurs qualifient ces gestes de pillage. Ils traitent les Béothuks de «mauvaises gens» et de «peuples rudes et cruels». Dès la fin du 16e siècle, les rapports entre les deux groupes se détériorent. Les pêcheurs, qui s'établissent le long du littoral, accaparent de plus en plus d'espace pour le séchage du poisson. Cette appropriation du territoire par les Européens fait en sorte que les Béothuks sont repoussés et contraints de se réfugier de plus en plus loin à l'intérieur de l'île. Cette présence européenne limite leur accès aux endroits de pêche qui assurent la subsistance du groupe. De plus, l'exploitation des ressources de l'île, la coupe de bois pour le chauffage et la construction, ainsi que de vastes incendies de forêt, bouleversent l'équilibre écologique de l'île. Le mode de vie traditionnel et la survie des Béothuks sont menacés.
Avec la colonisation de cette région, les relations des Béothuks avec les Français et les Anglais s'enveniment. Elles deviennent carrément hostiles. Les Béothuks sont traqués par les pêcheurs, les Français mettent leurs têtes à prix et les Anglais les chassent. De nombreux meurtres sont commis. Au début du 19e siècle, il ne reste que 72 Béothuks. La dernière représentante connue de ce peuple, Shawnadithit, meurt en 1829. Divers facteurs expliquent leur rapide disparition: l'intrusion d'étrangers sur leurs terres, qu'ils ne peuvent défendre sans aviver leur haine et être pourchassés, l'inaccessibilité à la mer et à ses ressources pour se nourrir, les guerres avec les Autochtones, dont les Micmacs, les conflits avec les Européens ainsi que les épidémies.