Mon oeil !

Oeil - calligramme

 

Une grande partie de  l'information que l'être humain reçoit de son environnement provient de la vue. Est-ce le plus important des cinq sens? La vue est certainement le sens le plus sollicité et peut-être le plus susceptible de nous influencer. Domine-t-elle pour autant les autres sens? L'imagination, les rêves et l'art sont-ils essentiellement visuels? Que faire pour mieux nous concentrer sur nos autres sens? Nous fermons les yeux...

J'ai fermé les yeux et, étrangement, la première image qui vînt à mon esprit remontait à mon adolescence. Je me suis souvenu de cette représentation d'un oeil encadré d'un triangle d'environ 3 mètres sur 4, peint avec réalisme dans le cul de four de l'abside de mon église paroissiale. Cet œil divin immense comme beaucoup d'autres dans le monde*  ont certainement marqué l'imagination de fidèles jeunes et vieux. Cet oeil divin immense rappelait aux pécheurs que Dieu, comme le Big Brother d'Orwell*, les regarde! Certes, le dimanche matin, fallait-il faire acte d'humilité et se repentir un peu des péchés de la veille. Mon regard et mes pensées étaient tout de même plus attirés alors par le travail fascinant de l'artiste qui avait réalisé cette oeuvre que par l'effet culpabilisant souhaité ou la symbolique de la Trinité représentée par l'oeil de Dieu dans un triangle. Ce premier rapport culpabilisant s'est estompé avec le temps, mais mon goût pour l'art perdure.

Il suffit d'ouvrir les yeux sur la vie, sur le ciel et la terre pour éprouver la force de la vue et prendre connaissance du monde qui nous entoure. Si l'on pouvait déchiffrer toutes les subtilités de la vue, l'on percerait certainement  les secrets de la vie et de la mort, le pourquoi du clair-obscur, de l'aurore, du couchant, de tous ces moments hypnagogiques: théâtres du rêveur, de la sagesse immanente, du plaisir de lire, d'écrire, de créer et de chercher...

 

Nerval
En cherchant l'oeil de Dieu, je n'ai vu qu'une orbite
Vaste, noire et sans fond, d'où la nuit qui l'habite
Rayonne sur le monde et s'épaissit toujours;
Gérard de Nerval, Le Christ aux Oliviers,
Les Chimères,
1854 
*

 

2008
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Mon oeil ! 
 
© Pierre-Simon Doyon,
Ph.D.
 Professeur d'histoire de l'art
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