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Chantal Pouliot
Professeure titulaire, chercheure intéressée par le déploiement des controverses environnementales et sanitaires contemporaines
Un brûlot pour l’enseignement des sciences ou quand l’amour émerge des questions socialement vives
Dès les premiers mots d’Arsenic mon amour, on réalise qu’il s’agira d’une lecture brève (44 pages) mais vertigineuse. La correspondance de Jean-Lou David et Gabrielle Izaguirré-Falardeau établit, dans une prose formidable, un lieu discursif inédit où s’enchevêtrent l’histoire de la ville de Rouyn-Noranda, des souvenirs d’enfance, des convictions citoyennes et un amour profond pour le territoire abitibien.
En plus d’illustrer que des objets culturels magnifiques peuvent jaillir des questions environnementales et sanitaires socialement vives, ce premier ouvrage de la collection Brûlot (chez Quartz) présente un intérêt pour l’enseignement des sciences.
On peut associer des extraits à des constats (documentés dans des champs de recherche tels que la sociologie des sciences).
Les controverses mènent à l’élaboration des identités
Je t'écris pour ne pas me résoudre au silence. C'est une mesure de précaution pour celle que je serai dans 20 ans et après, pour me forcer à ne pas me renier, pour qu'on puisse agiter sous mes yeux la preuve de mes convictions quand j'aurai envie de vaciller ou d'abandonner. Il y a des motivations égoïstes à mon implication dans cette correspondance : je dessine une carte pour l'adulte, la femme que je veux devenir. (Page 34) | |
La vivacité des situations problématiques varie dans le temps, elle peut être grande ou estompée
L’attachement à un territoire ne relève pas que de la rationalité mais s’ancre dans des affects et une histoire de mobilisations; On a cru que la vive répression d’il y a près d'un cycle avait abattu pour de bon l'élan revendicateur et les absurdes désirs de liberté que ces hommes avaient fait naître mais je n'en crois rien. Elle les a cristallisés et a scellé pour toujours les fondations de notre résistance. Les saisons mortes ne sont rien d'autre que la jachère du prochain soulèvement. (Page 18) | |
Il est impossible de se défaire de ces connaissances que l’on acquiert à propos d’une situation (ce qu’on appelle, en anglais, les difficult knowledge)
J'ai peur d'échouer à aimer cet endroit maintenant que je le vois dans son entièreté et que ses contradictions me tourmentent; ou d'essayer trop fort d'en perdre mon discernement. (Page 22) | |
S’engager dans l’action (écriture, militance, engagement politique) permet de laisser des traces
Il faut écrire, surtout, pour ne pas oublier. Pour avoir ces histoires de résistance et de revers comme des repères permanents dans la suite de nos vies et des lieux où elles se poseront. (Page 34). | |