6. Louis Nicolas et la doctrine des Signatures.

Nous avons abordé la question des Signatures dans le chapitre sur Champlain. Selon Nicolas, il semble que les particularités morphologiques de certaines plantes américaines laissent voir la Signature, la Marque de leur valeur médicinale. C'est parfois par le biais du vocabulaire amérindien qu'il relève les Signatures. Prenons comme exemple la Fraise:

"que les Sauvages nomment le fruit du coeur. C'et ainsi que ces homme ont nommé ce fruit: a cause de la figure du coeur qu'il porte. en leur langue outé veut dire coeur et min veut dire fruit en général: ainsi joignant ces deux mots ensemble ils nous donnent en insérant un -i- entre 2 pour éviter a la façon des grecs la rudesse de la prononciation le nom de la fraize ils disent outé-i-min, qui signifie proprement le fruit du coeur pour deux raisons: l° par ce que il en porte la figure 2° par ce que ce fruit est amy du coeur tant pour ces rares qualités que par ce que il le réjouit."*.

Il titre son paragraphe sur la Framboize: "De la framboize ou du fruit du sang"; la référence à la Signature est claire lorsqu'il écrit:

"Ce que nous appellons la framboize, nos errans la nomment en leur langue le fruit du sang pour la même raison qu'il nomme la fraize le fruit du coeur, ils donnent a celuy cy le nom du fruit du sang: car si l'un représente le coeur; celuy cy resemble a du sang, et comme /min/ comme j'ay dit signifie du fruit en general, et /miskoui/ du sang ils composent un mot qui veut dire justement le fruit du sang. miskou-i-min parce que de ce fruit il en sort une liqueur qui semble du sang que les Sauvages boivent avec plaisir acauze de cette odeur fort douce qui sort de ce fruit."*.

Il n'en reste pas moins que les références directes aux Signatures sont rares dans la partie botanique de l'Histoire naturelle. Nous n'avons trouvé que ces deux descriptions explicites sur les Signatures. Elles sont remarquables puisque c'est à travers les mots de la langue des Amérindiens et dans la forme des fruits qui en appelle l'usage, que la Marque se lit.

Parmi toutes les figures du Codex, la doctrine des Signatures prend une voie bien singulière dans la représentation de la Granadille Illustration. C'est par une science qui cherche sa vérité dans les illustrations de textes connus des Jésuites et des savants du début du XVIIe siècle que Nicolas prend cette fois son modèle.

L'image de la Granadille témoigne des curiosités, des choses étranges qui se trouvent dans les Indes occidentales et confirme l'inscription des marques divines dans ce nouveau monde que certains considéraient comme le Paradis terrestre*, le lieu par excellence des Signatures. À la page frontispice du Theatrum Botanicum de 1640 de John Parkinson Illustration entourant Adam et Salomon se distribuent des curiosités comme le rhinocéros, le zèbre et le lama. On peut aussi voir la Passiflore parmi les plantes rares et exotiques de la partie inférieure droite Illustration.

Cette plante a beaucoup frappé l'imagination des premiers voyageurs qui nommaient les plantes du Nouveau Monde. 


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