1. L'illustration botanique est archive et ordre d'un discours.

La science des plantes naît avec les écrits d'Aristote, de Théophraste, de Pline l'Ancien et de Dioscoride. D'abord liée à la fonction thérapeutique, à la pharmacopée, la botanique connaît à cause de son utilité un grand développement. Celui-ci n'est pas étranger à l'essor de l'imprimerie et de l'estampe qui assurent la diffusion des textes et des illustrations de plantes. Les premiers botanistes commencent d'abord par étudier les ouvrages de l'Antiquité grecque et latine. Les explorateurs, les cueilleurs de racines, les naturalistes et les botanistes ajoutent aux connaissances de l'Antiquité. Ceux-ci comprennent rapidement que l'antique savoir ne s'applique pas à toutes les richesses végétales et qu'il faut ajouter aux textes et aux figures anciennes les descriptions et les images des plantes nouvelles de même que leurs propriétés. Les traités de botanique deviennent alors le prétexte à une histoire des plantes, à une critique des textes des Anciens, à un inventaire des connaissances du monde antique et contemporain.

Aux XVe et au XVIe siècles, les botanistes traduisent en plusieurs langues les oeuvres de Dioscoride, de Théophraste et de Pline. Ils rééditent ces textes en les illustrant de grandes gravures sur bois. Ils identifient un nombre croissant de végétaux. Au XVIIe, ils les classent selon des méthodes artificielles et c'est au XVIIIe siècle que naissent d'autres méthodes de classification plus naturelles. De la rudimentaire classification par ordre alphabétique des plantes jusqu'à celle de Linné s'affirme un besoin de classer et d'illustrer l'ordre du discours botanique. Pour peu que l'on s'attarde à ses structures, à son histoire et à sa place dans un ensemble plus vaste, l'iconographie botanique témoigne de l'ordre du discours d'une époque. Les outils intellectuels que les botanistes laissent pour saisir la spécificité de chacun des moments de la transformation de leur science aideront à la compréhension des structures mentales inhérentes à chacune des époques étudiées.


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