Retour vers UQTR
Trousse virtuelle à l'intention du personnel éducateur œuvrant auprès des enfants 0-5 ans

Cadre d'analyse écosystémique · La réponse des parents aux besoins de l’enfant

La réponse des parents aux besoins de l’enfant

La réponse du parent qui subit la violence conjugale

La réponse du parent qui commet la violence conjugale

Soins de base

Répond aux besoins physiques de l’enfant et fournit les soins médicaux et dentaires nécessaires

Le parent qui subit la violence conjugale est disqualifié dans son rôle de parent. Il peut adopter des pratiques parentales qui vont à l’encontre de ses valeurs personnelles et parentales ou même se retirer des soins. Ce parent peut perdre ses repères, se retrouver « en état de survie » et se désinvestir des soins aux enfants. Par exemple, les suivis concernant l’état physique du tout-petit pourraient ne pas être réalisés. À l’inverse, le parent peut avoir la responsabilité complète des soins ainsi que des tâches quotidiennes tout en étant disqualifié par le parent auteur de violence conjugale.

Sécurité

Prend les mesures nécessaires pour protéger l’enfant contre les dangers, les accidents, la violence et les abus, et ce, à l’intérieur comme à l’extérieur de la famille

  • La grossesse catalyse souvent les actes de violence des hommes envers les femmes au sein du couple.
  • Les mesures nécessaires à la protection de l’enfant ne sont pas prises, de sorte que l’enfant est également victime d’autres types de mauvais traitements, dont les abus physiques.
  • Une escalade de la violence conjugale est présente (intensité, sévérité, fréquence des agressions).
  • Il y a persistance de la violence conjugale pendant la vie commune.
  • Il y a persistance de la violence conjugale après la séparation.
  • Des idéations, propos, menaces ou gestes à caractère suicidaire ou homicidaire peuvent être présents.
  • L’accès à des armes à feu augmente le risque d’homicide envers le partenaire intime et les enfants, particulièrement dans le cas des filicides-suicides paternels.
  • Le parent qui subit la violence peut se sentir paralysé par la peur. Sa capacité à protéger son enfant et à assurer sa sécurité peut être amoindrie. À l’inverse, il peut chercher à assurer la sécurité de l’enfant en se montrant surprotecteur, ce qui peut engendrer une difficulté à installer des limites cohérentes auprès de l’enfant.

Amour et affection

Répond aux besoins affectifs de l’enfant

Le fait de subir de la violence conjugale entraine une diminution de la chaleur du parent envers son enfant. Ce parent démontre ainsi moins d’affection à son enfant. Le rôle de parent se remplit dans un mode de retrait, en étant moins concerné par l’enfant. Cette abdication face aux besoins de l’enfant est fortement « désorganisante » pour ce dernier d’un point de vue de l’attachement. Le parent a tendance à sous-estimer la détresse de l’enfant. Or, la qualité de la relation parent-enfant est inhérente à la capacité du parent de reconnaitre et de soutenir l’expression de son enfant (description des évènements, émotions, préoccupations) à la suite des évènements de violence. Le parent qui subit la violence conjugale peut éprouver de la jalousie envers l’enfant épargné : « Pourquoi il ne te frappe pas toi, et moi, oui? »

Stimulation

Appuie le développement intellectuel de l’enfant, l’encourage, manifeste son approbation

Conséquences sur l’exercice du soutien

La violence conjugale peut réduire la disponibilité parentale. L’enfant reçoit moins d’attention et de support. Il bénéficie de moins d’occasions de se développer, par exemple, des jeux qui pourraient stimuler ses apprentissages.

Encadrement

Orchestration du quotidien de l’enfant, établissement de limites, transmission de valeurs

Ces parents rapportent exercer davantage de contrôle envers leur enfant et se montrer moins cohérents dans leurs pratiques éducatives. Ils peuvent avoir du mal à maintenir des limites claires et cohérentes. On observe de plus hauts risques que des punitions physiques soient utilisées à l’endroit de l’enfant.

Stabilité

Fournit un environnement stable qui permet à l’enfant de se développer

Conséquences sur l’organisation familiale

Ici, on ne parle pas de stabilité des facteurs familiaux et environnementaux, comme la stabilité du milieu de garde. Il s’agit de « comment » les parents, l’éducatrice ou l’éducateur organisent le quotidien de l’enfant de manière à le rendre prévisible. Il s’agit des expériences de stabilité qui sont offertes à l’enfant à travers son quotidien, des rituels créés et de la préparation donnée face aux changements. Le quotidien devient intelligible; il est possible de le comprendre, de le saisir. Il est rendu accessible pour l’enfant.

L’exposition à la violence conjugale entraine des coupures dans l’organisation familiale. En fonction des évènements de violence et de leurs conséquences, l’enfant exposé peut assister au changement de sa routine, sans en comprendre les raisons.

Aucune explication ne lui est fournie; il ne peut pas écouter la télévision ce soir, il doit aller dans sa chambre, car il ne faut pas déranger papa. Il ne peut pas prendre son bain, il devra se coucher de cette façon. La routine habituelle avant le dodo n’aura pas lieu, car maman parle à une dame au téléphone en pleurant. L’enfant ne connait plus les journées où il va à la garderie, car parfois il y va, parfois non. Son parent n’est pas disponible mentalement pour lui créer un tableau prévisible lui permettant de connaitre à l’avance son horaire.

La réponse du parent qui commet la violence conjugale

Les meilleures pratiques traduisent l’importance de favoriser, en premier lieu, la responsabilisation face aux comportements violents adoptés par les auteurs de violence conjugale. Ensuite, des interventions visant à accroitre des réponses parentales plus ajustées aux besoins de l’enfant sont à favoriser. Peu d’études ont été réalisées à ce sujet, mais celles qui l’ont été se sont majoritairement consacrées aux pères auteurs de violence conjugale.

Une grande partie de ces parents ont confié avoir exercé une discipline abusive et avoir eu recours à des méthodes éducatives inappropriées, comme des corrections physiques. Plusieurs auteurs de violence conjugale avouent qu’ils se montrent violents psychologiquement avec leurs enfants et qu’ils peuvent entretenir une perception négative de ces derniers. Ces parents adoptent moins de comportements empreints de chaleur et d’affection envers leurs enfants. Ils axent leurs rôles parentaux sur l’encadrement. Ils peuvent se montrer brutaux dans la gestion de la discipline. Ils ont recours à des regards menaçants ou à des paroles blessantes pour contraindre l’enfant à obéir.

Ces parents sont généralement peu impliqués dans la vie de leur enfant. Les soins de bases sont davantage laissés au parent qui subit de la violence conjugale. Ils ont tendance à entretenir des attentes rigides envers leur enfant. Leur encadrement est caractérisé par une grande autorité et peu empathique. Ils peuvent justifier l’utilisation de la force par la perception que leur partenaire n’est pas en mesure d’établir un cadre pour l’enfant. Ils peuvent également freiner la stimulation de l’enfant en raison de différentes motivations, comme la jalousie.

La qualité de la réponse aux besoins de l’enfant comme facteur de protection

Entre l’exposition à la violence conjugale et les conséquences sur l’enfant, on retrouve la qualité de la relation parent-enfant. La qualité de la relation se développe par une réponse ajustée des parents aux besoins de l’enfant. Il s’agit du facteur le plus important afin de prédire l’adaptation psychologique de l’enfant, que ce soit positivement ou négativement. Les études réalisées portent souvent sur la relation de l’enfant avec la mère comme étant victime de la violence conjugale du père. Plusieurs recherches ont démontré que les réponses appropriées de la mère aux besoins de l’enfant exposé figurent parmi les facteurs de protection les plus importants, et ce, bien que cette relation est plus à risque d’être ébranlée dans ce contexte.

Les facteurs de protection

Les facteurs de protection

1 · Facteurs de protection reliés à la réponse parentale aux soins de base
  • Au moins un des deux parents répond aux besoins physiques de l’enfant et lui fournit les soins médicaux nécessaires.
  • L’alimentation, le logis, les vêtements, l’hygiène ainsi que les conditions entourant le sommeil sont adaptés à l’âge de l’enfant.
2 · Facteurs de protection reliés à la réponse parentale face à la sécurité de l’enfant

Le parent qui subit la violence conjugale

  • Il prend les mesures nécessaires afin d’assurer la protection immédiate de l’enfant.
  • Il utilise son réseau social, les mesures de protection et les ressources à sa disposition afin d’offrir un environnement le plus sain et sécuritaire possible à son tout-petit.

Le parent qui commet la violence conjugale

  • Il met en place des moyens afin de se responsabiliser face à sa violence et pour gérer adéquatement ses émotions, évitant ainsi de mettre en danger autrui.
  • Il reconnait la nécessité de protéger l’enfant de la violence.
3 · Facteurs de protection reliés à la réponse parentale d’amour et d’affection
  • Au moins un des deux parents démontre de l’amour à l’enfant.
  • Un parent se montre sensible au vécu de l’enfant et réagit de façon appropriée à ses besoins.
  • L’environnement du tout-petit est source d’affection, d’éloges et d’encouragements.
4 · Facteurs de protection reliés à la réponse parentale face à la stimulation
  • Au moins un des deux parents participe au développement du potentiel de l’enfant.
  • Un parent l’accompagne dans ses différentes activités.
  • Un parent fait les suivis nécessaires, comme ceux requis auprès du milieu de garde.
5 · Facteurs de protection reliés à la réponse parentale face à l’encadrement de l’enfant
  • Au moins un des deux parents utilise des méthodes éducatives appropriées et ajustées en fonction de l’âge de l’enfant.
  • Le parent représente un modèle de comportement positif.
  • Un parent fournit à l’enfant des occasions d’apprentissage sur le plan de la résolution des conflits.
  • Des limites claires sont fixées.
6 · Facteurs de protection reliés à la réponse parentale face à la stabilité
  • Au moins un des deux parents tente d’offrir un environnement cohérent, constant et prévisible à l’enfant, de manière à répondre chaque fois sensiblement de la même façon au comportement du tout-petit.
  • Le parent offre un fil conducteur à l’enfant à travers ses différentes expériences de vie.