5. Comment Louis Nicolas classe-t-il les plantes dans l'Histoire naturelle? (suite 1.)

Nicolas mentionne Dodoens et les Jésuites possèdent quelques ouvrages de cet auteur qui écrivait en 1583:

"Doctrina verò de signaturis stirpium, à nullo alicuius aestimationis veterum testimonium accepit: deinde tam fluxa et incerta est, ut pro scienta aut doctrina nullatenus habenda videatur."*.

Cette texte se traduit librement ainsi:

"Quant à la doctrine des Signatures des plantes dont témoignent les textes des Anciens: elle est fragile et douteuse. Il ne faut pas la considérer comme une science mais comme une doctrine sans fondement".

Bien que cette doctrine soit populaire jusqu'au XIXe siècle, il n'en demeure pas moins qu'elle est très critiquée à la fin du XVIe siècle et au XVIIe. Paracelsus et Porta croient que, non seulement chaque plante porte les Signatures des propriétés médicinales mais également que chacune croît dans la région où la maladie se propage. Ils prétendaient même que l'utilisation de plantes médicinales venant de régions éloignées pour guérir les européens était inutile. Robert Turner résume à sa façon cette croyance: "For what Climate soever is subject to any particular Disease, in the same Place there grows a Cure."*.

Contrairement à ces hypothèses, Louis Nicolas procède à la description des plantes et souvent compare les propriétés et l'usage qu'en font les Amérindiens avec celles des spécimens qu'il a observés en Europe. Pour la Fraise et la Framboise seulement, il fait une lecture des Signatures qui marquent, pour la première, ses qualités pour soigner le coeur* et, pour la seconde, ses propriétés pour tonifier le sang*.

La description d'une plante pour le jésuite Louis Nicolas passe par sa couleur, sa grosseur, son odeur, son goût, la texture de sa chair, les propriétés médicinales, les usages culinaires, les usages en vannerie. Ce type de description s'apparente à celle de Champlain. Ce qui caractérise le style de son texte c'est l'utilisation très fréquente de la comparaison entre la plante américaine qu'il observe et une variété semblable d'Europe. La comparaison des plantes du Nouveau Monde avec celles de l'Ancien devient pour Nicolas comme une manière d'établir un rapport au passé botanique de ces plantes et de faire à sa façon une histoire des plantes. Sa première lecture l'amène à comparer l'inconnu, le nouveau avec le connu, l'ancien.


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