Dès le XVIe siècle, la mode est à la représentation symbolique de l'Amérique. Les frontispices des livres et des atlas, les cartouches des cartes et des plans deviennent prétexte à la communication des observations et aussi le lieu de la transposition d'une réalité plus proche du voyageur, de l'explorateur:
"À lire les textes des découvreurs et à regarder les gravures qui les accompagnent, force est de reconnaître que les explorateurs nous parlent plus d'eux-mêmes que des habitants de ces terres exotiques, plus que de leur propre faune et de leur propre flore que celles du nouveau continent. Même lorsqu'ils sont confrontés à des êtres inconnus, ils tendent à procéder par analogie, à ramener le non-familier au familier."*.
Dans le cartouche de 1612, Champlain ou David Pelletier trahissent un peu de leur grille de lecture d'Européens. Par exemple, le choix des "figures de Montagnais" et des "figures des sauvages Almouchicois" n'est pas un pur hasard:
"[ils] symbolisaient à eux deux tous les modes de vie qu'il était arrivé à distinguer parmi les Sauvages. À son dire, les Indiens étaient ou errants ou arrestés, autrement dit, ou nomades ou sédentaires. Les premiers n'avaient pas de demeure fixe. Les seconds pratiquaient l'agriculture et vivaient dans des villages permanents. La Montagnaise, l'aviron à la main et une vue miniaturisée d'un canot derrière elle, symbolise les errants. Par contre, l'Almouchicoise qui tient une courge et un épi de maïs, deux plantes cultivées par les Algonquins de la Nouvelle Angleterre, représente les arrestés."*.