L'organisation du pouvoir parmi les peuples du Nord-Est variait d'une société à l'autre. Mais chaque groupe, bande ou clan se donnait un chef. Ce dernier, qu'il soit chef civil ou militaire, devait s'en remettre aux décisions prises par le conseil après de longs palabres. Les discussions visaient à rallier le plus grand nombre de personnes. Il fallait donc prévoir un certain délai pour que l'opinion générale s'accorde.
Les qualités requises pour devenir chef étaient : la force, l'habileté, le courage, les talents de chasseur, la sagesse ainsi que la générosité. À ces caractéristiques essentielles s'ajoutaient d'autres qualités personnelles comme le fait d'être un bon orateur ou un grand chaman. Le chef ne portait pas de signes extérieurs de supériorité. Il ne se distinguait des autres que par sa valeur et le respect qu'on lui portait. Son influence reposait sur ses qualités personnelles et son pouvoir de persuasion qui était lié à son habileté oratoire, son éloquence, c'est-à-dire son talent de bien parler, d'émouvoir et de convaincre par son discours. Son autorité restait limitée et ne lui donnait aucun pouvoir de contrainte, ni aucun droit de faire usage de la force.
Source : Chaman guérissant un malade, illustration inspirée de C.W. Jefferys et réalisée par Diane Boily
Cet homme médecine, parfois une femme, était reconnu comme le spécialiste de l'univers surnaturel. Il servait d'intermédiaire entre les esprits et les humains. On le nommait Manitouisiou chez les Innus (Montagnais). Le chaman pouvait prévenir la maladie, diagnostiquer le mal et suggérer le remède approprié puisqu'il connaissait très bien les plantes médicinales. Il était aussi très habile pour interpréter les rêves. Cette fonction n'était pas nécessairement héréditaire. Elle exigeait des qualités personnelles exceptionnelles et un long apprentissage. Le chaman possédait des talents particuliers dont l'aptitude à entrer en contact avec les esprits et à faire des prédictions. Il détenait ses pouvoirs de la force d'un oki (esprit) particulier et de sa pratique du jeûne.
Certains chamans se spécialisaient dans la recherche des objets perdus, des personnes disparues et dans la prédiction des lieux où se trouverait du gibier. Pour y arriver, ils exécutaient la cérémonie de la tente tremblante. Il entrait dans une petite cabane où il chantait et envoyait des esprits à la recherche de ce qu'il voulait trouver. Chez les Saulteux (Ojibwés), vivant sur les rives nord des lacs Huron et Supérieur, il existait un petit groupe d'excellents guérisseurs nommé Medewiwin ou Société des grands guérisseurs. Pour en devenir membre, il fallait démontrer ses connaissances des plantes médicinales ainsi que ses capacités à diagnostiquer les maladies et guérir les malades.
Le chaman était un individu respecté au sein des sociétés autochtones puisqu'il était en mesure de guérir, de rompre les sorts, mais aussi d'ensorceler. Il ne possédait toutefois pas l'exclusivité de l'univers surnaturel. Chacun restait autonome dans ses rapports avec les esprits et chacun pouvait communiquer avec eux. Différents moyens d'entrer en contact avec le surnaturel, comme le jeûne, la vision, la danse et le rêve, étaient accessibles au chaman mais aussi aux autres individus.