Salomé Mathé

PROJET 1

rien

Qu’est ce que signifie « rien » ? : quelque chose qui n’a aucune fonctionnalité, qui est inutile.

Et « riéniste » ? : quelqu’un qui pourrait écrire un roman sur… rien, soit sur un sujet banal.

À partir de ces deux termes, j’ai réalisé une performance. Une performance ou moi-même je deviens sculpture, sculpture mouvante et autonome dont le public peut tourner autour. La répétition, de mes gestes d’abord : montrer chaque feuille au public, la froisser puis la cacher dans le sac (cela montre d’ailleurs certaines caractéristiques appartenant au magicien) ; et la répétition de l’écriture ensuite : « rien », « rie », « ri », « r »,   , « riéniste », « riéniste »,   ,   ,   , « RIEN » entraîne le spectateur dans une sorte de boucle, comme si nous revenions sans cesse au point de départ car le sujet soulève des questions qui n’auront jamais de réponse officielle mais plutôt des réponses. À partir de quel moment un volume devient sculpture ? Qu’est-ce que l’art ? Où est-ce qu’il commence et où est-ce qu’il se termine ? Quelles sont ses limites et ses conditions ? Sont-elles uniquement et exclusivement celles de Marcel Duchamp ?

Selon moi, le sac contenant les feuilles que j’ai froissé devient une sculpture suite à ma performance que le public a vu, peu importe où est-ce qu’elle a eu lieu. En effet, ces feuilles représenteront toujours le « rien », elles sont tellement inutiles que je semble les jeter à la poubelle. On ne voit plus les feuilles, il n’y a plus rien hormis une sculpture autonome.

Performance

p1-01

p1-03

p1-02

p1-04

 PROJET 2

Texte explicatif :

 

Là où j’habite en France, nous coupons les arbres sans raison, si ce n’est pour construire une maison dans une forêt et pour planter des palmiers et des oliviers à la place des chênes et des pins, pour goudronner une zone portuaire et le décorer avec des fleurs en pot…

Le squattage est un endroit que différentes cultures ou différents domaines vont se partager. L’étranger immobile est une production pluridisciplinaire où la sculpture, la photographie et l’écriture vont se croiser. Aussi, même si la peinture n’intervient pas ici directement, elle apparaît quelque part dans le traitement de l’image retouchée : les forts contrastes créaient presque des aplats de couleurs et l’intérêt pour la ligne est aussi importante que la forme qu’un peintre donne à son œuvre. Les contrastes accentués permettent également d’intensifier la texture qui a d’abord été créé par la spatule plantée dans le bois humide. Ce tronc d’arbre est mis en scène, le texte qui le personnifie le décrit comme un être résistant, qui restera immobile et figé malgré tout, devant les humains. Chaque fois qu’un arbre rencontre le chemin de l’Homme, chaque fois qu’il obstrue à sa vue, l’arbre est coupé. Alors ici, sur les gradins - lieu où une vue d’ensemble est essentielle, il empêche d’amener le regardeur dans le lointain ; la profondeur de champ n’est plus, le peu de fond que l’on peut voir est flou.

P2-01

p2-02

p2-03

p2-04

Immobile, fragile, figé. Étranger dans ce milieu qui n’est pas le sien, et pourtant, il est venu. Cela ne veut pas dire qu’il n’a pas peur, qu’il ne tremble pas de l’intérieur ; au contraire, on lui a enlevé son manteau. Il ne baisse pourtant pas le regard mais ceux qui se trouvent derrière lui ne verront rien, même pas ce vaste et parfait terrain. La contemplation s’arrête ici si brutalement. Lui, il reste immobile, fragile, figé. Étranger ne l’empêche pas de rester. Étranger dans son monde qui n’est plus le sien, il continuera de soumettre sa présence et non pas de se soumettre à la leur. Il continuera d’exposer son imposante posture, de se porter dans sa hauteur et de s’enraciner dans son territoire qui n’est plus le sien. Il insistera sur cette contestation sûrement pas éphémère mais plutôt immortel. Si tendues les lignes sont elles que le terrain tourne vers le chao où titubent les témoins comme dans une tempête dont les vagues ne se calme plus. Tout paraît sombre alors que les couleurs de chacun et de chacune s’entrechoquent, les deux univers sont les mêmes, la collocation est éternelle.

 

Projet 3

Projet 4

Cette sphère en métal comporte 16 tiges courbées et placées l’une en face de l’autre. Cette construction laisse une place importante à la notion de vide, très présente dans l’ensemble de la sculpture. Aussi, la fonction du support, qui sert habituellement de première base pour travailler ensuite par dessus, est remise en question dans la manière dont la sphère a été utilisée. En effet, c’est à l’intérieur même de celle-ci que j’ai continué de créer. Le fil de fer, fin et brillant, contraste avec le métal non poli des tiges courbées. Ces dernières dévoilent des ombres toutes aussi graphiques sur le sol. Enfin, l’idée d’origine de cette production est celle des non-lieux, des espaces tels que les aéroports par exemple, où les individus se croisent et se mêlent sans se rencontrer, pour aller d’un endroit à un autre et, pourtant, ils restent renfermés pendant un certain moment dans cet aéroport, ce non-lieu. Sujet traité par le biais de la vidéo ou du modelage, c’est de manière plus abstraite que je l’aborde ici, jusqu’à m’en éloigner et laisser la place à une production finalement purement contemplative.

p4-01

p4-03

P4-02

P4-04