Mme Du Deffand

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Mme DU DEFFAND (16971780)

Lettre à Horace Walpole
Texte dit par Catherine de Seynes

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La Cour cesse d'être, au XVIIIe siècle, le centre du pays et la source de l'opinion. Dans son rôle intellectuel et social, elle est supplantée par les salons, les cafés et les clubs. Chaque salon a un style marqué, par les goûts de la femme d'esprit qui y reçoit.  

Madame Du Deffand, malgré une préférence pour les mœurs et la littérature du XVIIIe siècle, reçoit les encyclopédistes, les gens du monde et les hommes d'État. À la mort de son mari, elle s'installa dans les appartements jadis occupés par Madame de Montespan, rue St-Dominique à Paris, dans l'ancien couvent des Filles de Saint-Joseph où, à partir de 1749, elle ouvrit son célèbre salon 'tapissé de moire bouton d'or'. Elle y donnait des soupers tous les jours, mais ceux du lundi attiraient toute l'élite intellectuelle. À 56 ans, elle est atteinte de cécité.

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Lettre du 20 octobre 1766 à Horace Walpole

J'admirais hier au soir la nombreuse compagnie qui était chez moi; hommes et femmes me paraissaient des machines à ressort, qui allaient, venaient, parlaient, riaient, sans penser, sans réfléchir, sans sentir; chacun jouait son rôle par habitude : madame la madame la duchesse d'Aiguillon crevait de rire, madame de Forcalquier dédaignait tout, madame de la Vallière jabotait sur tout.

Les hommes ne jouaient pas de meilleurs rôles et moi j'étais abîmée dans les réflexions les plus noires; je pensais que j'avais passé ma vie dans des illusions; que je m'étais creusé moi-même tous les abîmes dans lesquels j'étais tombée; que tous mes jugements avaient été faux et téméraires, et toujours trop précipités, et qu'enfin je n'avais parfaitement bien connu personne : que je n'en avais pas été connue non plus, et que peut-être je ne me connaissais pas moi-même.

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