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L'entrepreneuriat des femmes dans le numérique à Madagascar quand les règles du jeu les désavantagent

Imaginez un jeu où les règles ont été écrites depuis longtemps, par et pour un seul groupe de joueurs. Aujourd’hui, de nouveaux participants veulent entrer, mais tout semble conçu pour les désavantager. C’est exactement ce qui se passe pour les femmes qui entreprennent dans le numérique à Madagascar… et peut-être dans bien d’autres pays du Sud.

L’entrepreneuriat est souvent présenté comme une opportunité ouverte à tous. Mais dans des contextes marqués par l’héritage colonial et des normes patriarcales bien ancrées, les femmes doivent faire face à des obstacles invisibles qui limitent leur accès à certains secteurs, notamment le numérique, souvent dominé par les hommes. Ces règles non écrites sont d’autant plus difficiles à contourner qu’elles sont parfois imposées de l’extérieur, par des modèles de développement pensés dans les pays du Nord et appliqués sans toujours tenir compte des réalités locales.

Bien qu’ambitieuses et louables, ces règles ne prennent pas en compte la réalité d’une entrepreneure qui se voit refuser un financement simplement parce qu’elle est une femme. Elles n’incluent pas non plus celle qui doit négocier une échéance avec ses clients après une coupure d’électricité imprévue, tout en jonglant avec son rôle de maman. Elles ignorent aussi le combat de cette femme qui cherche à prouver qu’elle mérite sa place dans l’entrepreneuriat, là où un homme n’a qu’à prouver qu’il peut réussir. Car dans la société malgache, une femme est souvent perçue comme un "fanaka malemy", un mobilier fragile, une image qui l’éloigne d’emblée de la figure du chef d’entreprise. Rien de tout cela ne rentre dans les modèles classiques de développement.

À travers ma recherche, j’explore le parcours de femmes entrepreneures malgaches pour comprendre comment elles s’adaptent ou résistent à ces barrières. Je m’appuie sur les témoignages d’entrepreneures accompagnées par un programme financé par la Banque Mondiale et sur des récits plus approfondis pour voir comment elles transforment leur environnement professionnel. Certaines suivent les règles, d’autres les contournent, et quelques-unes créent de nouvelles façons d’exister dans ce monde façonné par des normes masculines.

Si, pour l’instant, mon travail se concentre sur Madagascar, il pose une question plus large : ces défis sont-ils les mêmes ailleurs dans le Sud ? Jusqu’où les modèles économiques et les règles du jeu définis par les pays du Nord influencent-ils la place des femmes dans l’entrepreneuriat numérique ? C’est ce que je veux comprendre, car pour ouvrir réellement les portes de l’entrepreneuriat aux femmes, il ne suffit pas d’assouplir les règles, il faut aussi s’assurer qu’elles ont voix au chapitre dans leur définition.

Directeur de recherche : Étienne St-Jean

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