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Lumières noires et militantisme féminin au temps des Lumières

Les Lumières constituent une philosophie pratique, une philosophie d’action. Elles visent notamment à libérer les humains et à prôner l’égalité entre tous les humains. Si les Lumières jouissent d’une certaine renommée dans la mesure où elles sont considérées comme le moment  le plus éclairé de l’histoire pour avoir voulu libérer les humains, force est de constater qu’elles ont aussi un côté sombre qui est rarement évoqué. L’objectif de cette présentation consiste à évoquer ce côté ténébreux des Lumières blanches européennes et à montrer l’existence des Lumières alternatives qui sont susceptibles de mieux éclairer le monde que les Lumières attestées par l’historiographie occidentale.
En effet, si l’on se réfère aux œuvres anthropologiques des penseurs des Lumières les plus connus et les plus influents, dont Voltaire et Kant, les Lumières attestées par l’historiographie occidentale semblent ne pas inclure toute une catégorie sexuelle et une catégorie raciale dans l’humanité dont elles rêvent de libérer. Il appert qu’on peut être en droit de dire que Les Lumières modernes européennes constituent le patrimoine intellectuel des préjugés racistes et sexistes. Aussi est-il important d’évoquer une alter-Lumières en l’occurrence les Lumières noires qui, contrairement aux Lumières connues, visaient une émancipation universelle. Entendons par Lumières noires  une catégorie de pensée à la fois universelle, radicale et révolutionnaire visant à combattre les inégalités (sociales, raciales, sexuelles) et la subordination raciales mais qui est une pensée méconnue, niée ou rejetée, se cachant sous l’ombre des Lumières classiques éclipsée par l’historiographie traditionnelle. Cela dit, les tenants des Lumières noires –– contrairement à ceux des Lumières connues – qui étaient pro esclavagistes ou alors timides dans leur dénonciation de l’esclavage des Nègres, n’avaient juré que par l’abolition générale, absolue et immédiate de l’esclavage des Nègres. Là où les Lumières blanches ont tendance à considérer l’homme blanc comme l’archétype du genre humain ou comme le seul humain véritable, les Lumières noires considèrent tous les humains (hommes et femmes), toutes les races et toutes les classes comme des humains pleinement.

Deux parmi les penseurs des Lumières noires retiennent particulièrement notre attention, notamment parce qu’ils sont des martyrs de la lutte contre la sous-humanisation : Olympe de Gouges et Toussaint Louverture. La première est l’autrice de la Déclaration des droits des femmes et de la citoyenne qui stipule en son article premier : « La femme nait libre et demeure égale à l’homme en droit ». Le deuxième est l’auteur de la constitution de 1801 qui stipule en son article 3 : « Il ne peut exister d’esclaves sur ce territoire. L’esclavage y est à jamais aboli ». Il est important de faire remarquer que les penseurs appartenant aux Lumières noires sont souvent victimes – soit du rejet et de l’oubli (Benjamin Lay) ou de la peine capitale (De Gouges et Louverture) en raison de la radicalité et du caractère révolutionnaire de leur pensée.

Mais alors, en quoi les Lumières noires sont-elles l’accomplissement des Lumières ?  Dans quelles mesures les Lumières noires sont-elles un héritage des Lumières modernes européennes?  

Directrice de recherche : Syliane Charles

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