Jean-Jacques Breton dans son ouvrage intitulé «LES ARTS PREMIERS» souligne de prime abord la difficulté de nommer ces arts non européens. « Ce problème de dénomination est relativement récent : il n'y a qu'une centaine d'année que l'on s'intéresse vraiment à ces arts. Le collectionneur Paul Guillaume, qui ravi de montrer sa collection d'œuvres « exotiques » à Apollinaire, parle le plus souvent d'« art nègre ». Longtemps, l'expression la plus couramment utilisé fut celle d'«arts primitifs» dont l'évident contresens saute aux yeux : mélange de deux acceptations du mot «primitifs» au sens de « sculpteurs, peintres qui ont précédé les maîtres de la grande époque» et de «peuples qui sont au degré le moins avancé de la civilisation». Il faut avouer que l'expression « arts premiers» ne semble pas plus heureuse avec un petit côté «politiquement correct» et hypocrite. « Primitifs » et «premiers» donnent une fausse idée de graduation. Ils laisseraient croire que ces arts se placeraient en bas de l'évolution de l'Histoire de l'art où les arts «derniers» seraient par exemple les arts inspirés de la Grèce et de Rome. Ces arts dits «premiers» sont bien souvent des arts «derniers», puisque, malgré de profonds bouleversements depuis la Seconde Guerre mondiale et la disparition de modes de vie traditionnels, la plupart de ces arts sont toujours bien vivants.
La grande exposition «Magiciens de la terre» qui eut lieu à Paris en 1989 témoigna de la vivacité des arts non-européens à cette époque. Voici la description qu'en a fait le Centre Georges-Pompidou au moment du 25e anniversaire en 2014:
Anniversaire d'une exposition pionnière à l'orée de la mondialisation de l'art.
Au Centre Pompidou et à la Grande halle de la Villette, du 18 mai au 14 août 1989, « Magiciens de la terre » surprit tout à la fois les publics et les milieux de la critique, des musées et du marché. Dans un monde de l'art contemporain alors exclusivement limité au périmètre des frontières de l'Europe et de l'Amérique du Nord, Jean-Hubert Martin, son commissaire, avait invité des artistes de tous les continents, repérés un à un lors de longues missions de terrain accomplies durant des années à la recherche de pratiques enracinées dans des cultures ancestrales, résistantes au post-colonialisme, en lutte contre les totalitarismes et, surtout, curieuses de l'ouverture planétaire émergente. Ils y rencontrèrent d'autres curieux : quelques artistes occidentaux, pourtant parfaitement intégrés dans les réseaux dominants, mais habités par la nécessité du dialogue interculturel. Ces derniers produisirent des oeuvres qui allaient résonner avec l'énergie singulière et le choc inédit que déclencheraient celles de ces « nouveaux artistes » jusqu'alors « invisibles ».
Initiative pionnière, « Magiciens de la terre » fut bientôt perçue comme inaugurale. Aux prémices d'une mondialisation qui ne disait alors pas encore son nom, « Magiciens de la terre » déclencha des polémiques qui durent et qui prospèrent, suscita des vocations et des déceptions, produisit d'autres événements fondateurs et des imitations, influa sur nombre d'expositions à venir : ce fut donc l'un de ces « moments-seuils » qui marqua le changement dans l'histoire.
Un catalogue de l'exposition et un documentaire vidéo relatant cet événement sont disponibles à la bibliothèque de l'UQTR.
Selon l'auteur cité ci-haut, l'on pourrait parler des « Afriques » puisqu'il y a une grande diversité de civilisations et de styles, mais il souligne qu'il y a aussi une unité de l'art africain. L'une des caractéristiques qui se retrouve « dans les art des peuples animistes ou qui ont des croyances animistes malgré leur conversion à des religions monothéistes - tient à l'aspect magique de l'art. C'est un art qui fait le lien entre les esprits et les hommes, reliant l'invisible et le visible ». (Breton 2019)
Donc, ces objets ont une fonction utilitaire, ils ne sont pas conçus pour être présentés dans un musée. Ils étaient souvent placés sur un autel bas, ou carrément sur le sol. Les masques peuvent aussi êtres portés lors de cérémonies. Les masques et les statues se sont pas faits pour durer, mais pour disparaître. En effet, certains objets ou masques « ayant participé à une cérémonie importante peuvent être détruits après avoir rempli leur fonction car ils peuvent se révéler trop dangereux à conserver à cause des forces qui y sont incarnées. » (Breton 2019)
Selon Jean-Jacques Breton, le plus ancien masque africain conservé date du XVIII e siècle, ce qui confirme que l'objet sacralisé n'est pas destiné à être éternel et, le caractère périssable du bois contribue à cette impermanence.
Les artistes yorouba utilisent du bois vert qui est plein de forces vives. Le bois vivant augmente la puissance de l'amulette ou de la statue. Les variétés de bois utilisées dépendent aussi de la fonction de l'objet. Les bois légers seront privilégiés pour les masques de danse, les bois lourds le seront quand il s'agit de montrer la force de l'esprit incarné par le masque.
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Ce sont des œuvres expressives autant que fascinantes qui jouent sur les pleins et les vides, allant de l'abstraction au réalisme. L'artiste africain utilise une variété de techniques, incisions, reliefs en trois dimensions, surfaces planes et ajouts de matériaux divers. Lorsque l'on pense à l'art africain, on se rappelle surtout la sculpture en bois, en terre cuite ou en métal. Dans certaines régions, l'on pratique aussi la sculpture sur pierre. L'art de cour utilise des matériaux précieux : ivoires et bronze. Toutefois, le bois demeure le matériau privilégié du à son abondance et à la facilité de son travail.
Un sculpteur africain ne va pas créer l'œuvre telle qu'il la voit, mais telle qu'il la sait. Il dira qu'il ne fait que dégager l'œuvre qui était contenue dans la pièce de bois qu'il transforme.
Masque Dan | Masque Ouan de la région de Béré | Masque Sénoufo: « Waniugo » |
À l'ouest du pays, dans la région de Man et Touba, les Dans sont créateurs d'un style de masque particulier, de forme ovoïde, parfois orné de cauris.
Auteur de la photo Roman Bonnefoy |
L'institution du masque n'existait pas chez les Baoulés avant la migration qui les a conduit du Ghana en Côte d'Ivoire sous la conduite de la Reine Pokou Auteur de la photo Roman Bonnefoy |
Chez les Sénoufos, les masques représentent aussi bien le corps humain que les divers animaux (serpents, crocodiles, caméléon) dont le grand calao qui joue un rôle essentiel dans la liturgie de ce peuple du nord du pays, dans la région des savanes, Permission is granted to copy, distribute and/or modify this document under the terms of the GNU Free Documentation License |