Plusieurs ouvrages sur les plantes de la Nouvelle-France sont publiés avant les recherches inédites de Louis Nicolas. Au-delà des Voyages de Cartier, dans lesquels il décrit une quarantaine de spécimens de l'est du Canada, notons les informations recueillies par le moine Thévet dans ses Singularitéz de la France Antarctique* vers 1536. Le siècle de Louis Nicolas est riche des Voyages de Champlain et des figures qu'il donne de la flore dans sa Carte de la Nouvelle-France de 1612. Les Relations des Jésuites de 1611 à 1672-73 ne sont pas illustrées mais on y retrouve tout de même des textes sur les médecines amérindiennes, les plantes et leurs usages. En 1632, dans Le grand voyage au pays des Hurons* Gabriel Sagard décrit surtout les plantes et les animaux de la Nouvelle-France. À l'exception du fraisier, du muguet et d'un petit nombre d'autres spécimens, Sagard s'attardera surtout à la description des arbres et des arbustes de la colonie. À Paris, dès 1635, dans Canadensium*, Cornuti décrit des plantes encore inconnues jusque-là. Il leur donne un nom, précise qu'il a vu et étudié les spécimens. Il ajoute que l'artiste les a dessiné d'après nature et sous sa direction immédiate. Les gravures de son ouvrage sont le résultat de l'observation et d'un type de classification de la description botanique du temps. Elles sont d'excellents exemples de la qualité et de la précision des figures de plantes gravées sur cuivre. Cornuti fait la description d'une centaine d'espèces. Quarante-trois viennent de Québec et de ses environs. Il en illustre trente-huit. Il n'est jamais venu en Nouvelle-France et a probablement observé ces spécimens dans le jardin de Vespasien Robin*. La préface de son Canadensium commence comme ceci: "Venerat extremis terrarum Gallus ab oris. Non visos frutices navita classe vehens /.../"*. Ces vers qui rendent hommage à un illustre voyageur laissent entrevoir comment les plantes de l'Historia* se sont retrouvées à Paris. Ce texte confirme l'apport d'un navigateur à la constitution d'un savoir botanique européen. Celui-ci a rapporté les semences et les bulbes des espèces observées au cours de ses pérégrinations. Cartier, Champlain, l'apothicaire et herboriste parisien Louis Hébert vivant à Québec après 1617 seront, pour sûr, les premiers acteurs d'une botanique pré-linnéenne américaine.