L'illustration botanique de nos auteurs versus celle d'Europe

La botanique du XVIIe et du XVIIIe siècles obéit à des règles de classification particulières qui se lisent dans les illustrations de plantes. L'étude du corpus iconographique de la Nouvelle-France apporte des précisions sur les sources des illustrations et informe sur la classification utilisée dans la Carte de 1612 de Champlain, dans les travaux inédits de Nicolas et dans ceux, largement diffusés, de Charlevoix. Ces illustrations botaniques traduisent l'ordre d'un discours qui n'est pas nécessairement synchrone avec celui de la botanique européenne.

Compte tenu des difficultés que présente l'effort scientifique dans la colonie, la botanique du journal de voyages et du cartouche des cartes des explorateurs reprend les structures d'une science de cueilleurs de racines et de simples qui recensent les plantes alimentaires, potagères, fourragères, textiles, tinctoriales, aromatiques et médicinales.

Avec Nicolas et Charlevoix s'annonce la mise en évidence de l'observation, de l'histoire et des commentaires sur les plantes de la Nouvelle-France. C'est alors le début des bibliothèques scientifiques, des relations écrites avec les grands botanistes et des mémoires sur les plantes pour l'Académie des Sciences de Paris. Ce mouvement est renforcé par les recherches de Sarrazin et Gaultier mais s'éteindra en Nouvelle-France un peu après le milieu du XVIIIe siècle:

"Avec la guerre de Sept Ans et la mort de Gaultier en 1756, tout cela [développement d'une botanique] disparaît; la publication cesse en 1756 et de nombreux manuscrits demeurent inédits. Les collections disparaissent et les bibliothèques s'éparpillent. Ainsi se clôt un mouvement scientifique qui avait pris de l'ampleur au cours du XVIIIe siècle pour culminer avec Sarrazin et Gaultier." *

Les tableaux 15, 16 et 17 des pages suivantes reprennent celui de Wilfrid  Blunt auquel s'ajoutent les filiations iconographiques directes qui ont été établies dans les chapitres précédents. Ils précisent la place des corpus iconographiques de Champlain, de Nicolas et de Charlevoix. Il s'agit là de résumés très schématiques de nos analyses, mais ils permettent une lecture claire des sources directes des illustrations botaniques du corpus étudié. Quelques commentaires très succincts précèdent les tableaux. Le tableau de Blunt en 1951 (Tableau 1) synthétise bien les filiations iconographiques entre quelques botanistes européens. Notre recherche apporte le premier complément en ce qui a trait à l'iconographie nord-américaine.

 


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