6. Louis Nicolas et la doctrine des Signatures (suite 5.)

La représentation de Nicolas est donc très proche de l'archétype jésuite de la Passiflore du début du XVIIe siècle. Dès 1629 et 1633, les botanistes Parkinson et Gerard considèrent que cette représentation de la Passiflore est issue de l'imagination des Jésuites plutôt que de la réalité. Comme l'illustrent les gravures de Plukenety et de Plumier, cette représentation n'est plus utilisée vers la fin du XVIIe siècle. Nicolas propose pour la Granadille une image dépassée, manifestement celle de la doctrine des Signatures, pour montrer ce qu'il voit dans la nature, alors que la botanique du XVIIe siècle place l'emphase sur l'analyse critique du passé par l'Historia , les Commentarii et le Theatrum qui véhiculent un savoir un peu plus près de ce que l'on observe dans la nature.

La figure de la Granadille révèle une facette de la classification botanique de Nicolas. Mais qu'en est-il des autres figures de plantes?

Le tableau 9 montre que la classification du Codex laisse voir les feuilles (17/18), les fruits (12/18), les racines (11/18), les arbrisseaux (7/18), les fleurs (4/18) et les arbres (2/18). Ce tableau indique aussi que Nicolas montre surtout l'appareil végétatif (feuilles et racines) et les fruits de ses spécimens. L'appareil reproducteur ne fait pas partie des éléments importants de sa classification. Il porte un intérêt très sommaire aux arbrisseaux et néglige la description visuelle des espèces ligneuses.

Cette première classification, pour l'ensemble des figures que résume le tableau 9, situe la classification de Nicolas bien loin avant celle de Tournefort qui classe à partir de la fleur .

Par des figures qui montrent surtout les feuilles, les fruits et les racines, la classification des quatre folios souligne l'importance de ces parties pour leur identification ou leurs usages. Cette classification rudimentaire cherche une représentation de la structure visible de la plante et accentue la partie de celle-ci qui peut avoir une utilité. Cette façon d'aborder la lecture des plantes dans la nature place encore Nicolas dans le schème de pensée d'une illustration botanique du XVIe siècle et du début XVIIe. 


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